« Cette nomination n'est pas affaire de genre ou de calcul politique. Si l'on me nomme, c'est parce que je coche toutes les cases », a lancé la nouvelle hantise des banquiers les plus joueurs de la zone euro. A travers ce poste, l’actuelle secrétaire générale de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution devient l’une des personnes les plus puissantes de la BCE, donc du continent. Alors on aimerait la croire sur sa nomination, mais il faudrait oublier les propos de Jean-Claude Juncker (président de l'Eurogroupe) en janvier dernier. A savoir : « Je suis tout à fait pour qu'on ait un représentant féminin dans la zone euro concernant le mécanisme de surveillance, ce sera fait et elle sera française ». En effet, d’après Le Monde, Paris aurait exigé une compensation après avoir échoué à imposer Pierre Moscovici.
Quoi qu’il en soit, la nouvelle « gendarme des banques » reste une vraie femme d’expérience. Entrée à la Banque de France à 24 ans, en 1974, elle avait attrapé le virus par son père qui y travaillait. Par la suite, elle a notamment été représentante de la Banque à New York (1985 à 1986), puis secrétaire générale du Comité Bâle pour la supervision bancaire (1998-2003). En 2003, elle est nommée secrétaire générale de la commission bancaire, avant de présider le Comité européen des contrôleurs bancaires (2006 à 2008). Elle est connue pour sa foi inébranlable en l’U.E, qui lui a récemment fait dire : « La supervision unique auprès de la BCE marque un progrès considérable. Elle coupe le lien qui unit les Etats à leurs banques ». Enfin, Danièle Nouy est également officier de l’Ordre National du Mérite, et mère de deux filles.
Mieux, cette pro-européenne convaincue cacherait surtout une régulatrice rigoureuse. En 2007, elle aurait exigé des banques françaises qu’elles révèlent leurs positions sur les « subprimes », tout en faisant barrage à une certaine créativité débridée dans le domaine des produits toxiques. Certains de ses homologues européens la qualifieraient donc d'« austère », d'« exigeante » et de « peu conciliante », et la redouteraient. Ainsi, elle a pu être comparée à Janet Yellen, qui succèdera en janvier 2014 au patron de la Réserve fédérale américaine, l'inénarrable Ben Bernanke. Sous ses ordres, quelque 800 spécialistes du contrôle bancaire de toutes nationalités devraient être embauchés. Les noms de ses quatre directeurs généraux et de six adjoints seront dévoilés à la fin du mois.
Mais Danièle Nouy, malgré sa bonne volonté apparente, ne peut pas tout. Ainsi, lors de son audition par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, le 9 novembre 2011, elle renvoyait les députés à leurs propres responsabilités dans la commercialisation des emprunts toxiques. En déclarant notamment : « Nous avons donc fait ce qui était en notre pouvoir. Le législateur peut décider de limiter la liberté contractuelle des collectivités locales en les empêchant de souscrire des prêts qui s’apparentent à des jeux de casino. Mais cette décision ne relève pas du superviseur bancaire ». Apparemment, Mme. Nouy coche aussi la case du franc-parler.
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