Le « boucher des Balkans », c’est ainsi que Ratko Mladic est surnommé dans la presse francophone et c’est également par ces mots qu’une vingtaine de mères et de veuves d’hommes tués à Srebrenica l’ont interpellé ce matin à son entrée dans le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). L’ex-commandant en chef de l’armée de la République serbe de Bosnie, qui a tenté d’éliminer tous les musulmans et Croates pour constituer une « grande Serbie » sur les cendres de l’ex-Yougoslavie, est accusé d’être responsable d’une épuration ethnique en Bosnie, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale : il a commandité le massacre de 8 000 hommes musulmans à Srebrenica en juillet 1995, a supervisé le siège de Sarajevo où 10 000 civils ont péri et 200 soldats de l’ONU ont été retenus en otage et il a joué un rôle majeur dans la guerre de Bosnie. Un conflit meurtrier qui a fait plus de 100 000 morts et a déplacé 2,2 millions de personnes entre 1992 et 1995. Il est donc inculpé de génocides, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Des accusations pour lesquelles il compte plaider non coupable.
Ratko Mladic, un héros sanguinaire
Ratko Mladic, 70 ans, est apparu souriant à l’ouverture de son procès, levant les pouces à son entrée dans la salle d’audience et applaudissant les juges qui doivent aujourd’hui et demain présenter la déclaration liminaire de l’accusation. Ensuite, le « boucher des Balkans », devra attendre le 29 mai pour entendre le premier témoin de l’accusation. Arrêté le 26 mai 2011 à Lazarevo au Nord de Belgrade, la capitale serbe, Ratko Mladic a bénéficié de l’aide de ses réseaux militaires et amicaux pendant près de seize ans pour échapper à la justice internationale qui avait déposé un mandat d’arrêt contre lui le 11 juillet 1996. Il est resté longtemps un héros en Serbie où il a vécu à découvert jusqu’à la chute de Slobodan Milosevic en 2000, malgré son renvoi du pouvoir lors des accords de Dayton en décembre 1995. Il est ensuite entré dans la clandestinité et a été découvert chez un cousin.
Une fermeture annoncée
Son procès pourrait durer jusqu’en 2014, date à laquelle le TPIY devrait fermer ses portes définitivement et mettre un terme au conflit serbo-croate en Bosnie. Néanmoins, Ratko Mladic serait dans un état de santé fragile : il est paralysé du côté droit après trois attaques cérébrales (1996, 2008 et février 2011) et se plaint régulièrement de problèmes de santé devant le tribunal. Il pourrait donc comme Slobodan Milosevic, décédé en mars 2006, ne pas voir la fin de son procès.
Laure Gamaury
Avec AFP
Crédit photo : kurir-info.rs
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