Difficile de consacrer du temps aux autres quand on a déjà ses propres soucis à gérer. C'est pourtant ce qu'ont décidé de faire Regina Catrambone et son mari Christopher depuis 2013. Ce couple d'italo-américain millionnaire, résident sur l'île de Malte, est devenu un véritable symbole d'engagement dans la bataille pour sauver les migrants de la Méditerranée.
Il y a 2 ans, les deux époux passaient d'agréables vacances au large des côtes italiennes non loin de la tristement célèbre île de Lampedusa, quand Regina aperçoit un manteau flottant à la surface de l'eau. L'estomac noué à l'idée que son propriétaire ait pu se noyer, Regina accuse le coup. Trois mois après cet épisode, elle convainc son mari de tout faire pour venir en aide aux migrants, après avoir entendu l'appel du Pape François. Adoubés par le Vatican, ils mettent alors sur pied un projet inédit baptisé MOAS (Migrant Offshore Aid Station ) et lancent un appel aux dons. Interrogée par le journal La Stampa, Regina encourage toutes les bonnes volontés à soutenir cette cause qui semblait jusqu'alors désespérée : "Il n'y a pas de temps à perdre. La moindre vie sauvée vaut le voyage".
Après plusieurs jours en mer à la recherche d'un endroit meilleur, 413 personnes ont été secourues #Phoenix finalement arrivés en Europe.
Et l'objectif est ambitieux, au vu des milliers de migrants qui tentent chaque jour leur chance à destination de l'Europe. Equipés d'un ancien chalutier, le Phoenix-1, ils se sont donnés pour mission de repérer les embarcations surchargées afin d'évaluer l'état de santé des passagers à bord. En cas de danger, l'association avertit aussitôt les autorités ou vient elle-même au secours des cas les plus sensibles. Des efforts loin d'être vains pour le couple, qui assure avoir déjà secouru près de 3000 personnes entre août et octobre 2014.
En train de discuter avec une femme réfugiée qui voyage seule avec ses enfants : "La vie dans mon pays, c'était l'enfer. On voulait donner une vie meilleure à nos enfants".
Mais aussi belle et généreuse que soit cette initiative, elle n'en reste pas moins trop peu efficace, comparé à l'afflux continu de migrants sur les côtes européennes. Selon l'Organisation internationale pour la migration (OIM), cet inquiétant phénomène est d'ailleurs loin d'être endigué. Depuis le début de l'année 2015, 1750 personnes ont déjà trouvé la mort en tentant la traversée de la Méditerranée. Un chiffre 30 fois supérieur aux estimations faites en 2014 sur la même période.
Jusqu'ici, près de 280 000 migrants entraient chaque année illégalement sur le Vieux Continent. D'après les dernières estimations de Frontex (l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures), ils devraient être entre 500 000 et 1 million à emprunter cette dangereuse route d'ici à fin 2015...