Ce week-end, 50 % des cabinets de sages-femmes libérales s'étaient signalés comme fermés. Dans les hôpitaux et les cliniques, "150 maternités ayant 100 % de grévistes avec des maternités privées ont fermé leurs portes et des réquisitions et assignations dans les maternités publiques", rapporte Caroline Combot, secrétaire générale de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSFF), à l'AFP. Un mouvement "très suivi" selon elle qui "répond à une véritable colère des sages-femmes".
Une colère qui prend racine dans le peu de considération, de valorisation, mais aussi dans le manque de moyens alloués à une profession à 97 % féminine. Elles dénoncent ainsi "une politique de santé qui nous exploite et nous épuise", ainsi qu'un "État qui méprise les femmes". Ce qu'elles revendiquent exactement : "une réflexion sur le métier de sage-femme dans sa globalité, quels que soient les modes d'exercice, pour permettre de l'attractivité". La rémunération notamment, mais le statut surtout.
Dans un communiqué, le Collège national des sages-femmes de France (CNSFF) fustige à son tour : "Nous sommes en grève contre un système patriarcal qui ignore nos revendications depuis des décennies et vous met en danger chaque jour".
Un cri d'alarme qui fait écho à la prise de parole d'Anne Roy, qui déclarait en novembre 2020 face caméra : "Je suis sage-femme et je suis maltraitante". Des mots courageux qui décrivaient une réalité accablante : l'impossibilité de faire son travail et d'accompagner les femmes comme elle le souhaiterait. La faute à des conditions de travail déplorables et des effectifs toujours plus en baisse qui vont jusqu'à laisser une seule soignante en charge de 25 nouvelles mamans.
Dans une interview pour Europe 1, elle confiait notamment des scènes dramatiques. Comme lorsqu'elle n'a pas pu prendre en charge la "douleur" d'une patiente en pleine césarienne. Puis l'a laissé "traîner dans des serviettes hygiéniques trempées de sang".
Mi-septembre, le ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Véran avait annoncé une augmentation qui "n'a jamais été aussi importante dans l'histoire de la profession", reconnaît Caroline Combot. Les trois-quarts des sages-femmes recevront, à partir de janvier, une prime de 100 euros net et une hausse de salaire d'environ 100 euros brut par mois. "Mais là où les sages-femmes sont en colère, c'est que ce n'est pas la seule réponse qu'on attendait", poursuit-elle.
Depuis début 2021, elles sont déjà descendues cinq fois dans la rue. Le 7 octobre prochain, une nouvelle journée de mobilisation est prévue.