"Je vis avec un homme déconstruit et j'en suis hyper heureuse. Je ne fais pas confiance à des hommes ou femmes qui n'ont pas fait le chemin de la déconstruction", a déclaré la candidate de la primaire écologiste Sandrine Rousseau devant les caméras de LCI lors du débat qui l'opposait à son rival Yannick Jadot. Des propos qui ont suscité incompréhension et railleries diverses sur la Toile. Bien des internautes illustrant ainsi la notion "d'homme déconstruit" en relayant des images de jouets Lego en vrac.
Pourtant, Sandrine Rousseau aborde une notion plutôt rare au sein des discours politiques hexagonaux. Celle-ci a assuré que les personnes qui n'ont pas envisagé la "déconstruction" ne peuvent pas "répondre aux besoins des opprimés face aux discriminations". Sur Twitter, certaines voix soutiennent sa réflexion.
"Les mecs qui se moquent de la formulation 'homme déconstruit' utilisée par Sandrine Rousseau, dans le fond, votre peur qu'on veuille plus de vous et vos comportements virilistes dans nos vies se voit à des kilomètres", a ainsi commenté Alice Bosler, collaboratrice du mouvement politique Génération·s.
Mais qu'est-ce au juste qu'un homme déconstruit ?
Comme le rappelle le site Causons Féminisme, la "déconstruction" est un processus introspectif en cours, "toujours inachevé", par lequel un individu privilégie la remise en question face aux stéréotypes de genre. C'est une interrogation individuelle qui naît de la prise de conscience d'une société sexiste, et d'un intérêt sincère pour les enjeux d'égalité femmes-hommes. Etre "déconstruit" revient à davantage questionner sa condition d'homme hétérosexuel par exemple, mais aussi à écouter, sans s'accaparer la parole, les militantes féministes.
Tel que le développe la plateforme Apprendre à éduquer, la "déconstruction" est une notion qui semble abstraite mais dont les finalités, elles, le sont moins : déboulonner les préjugés les plus archaïques, privilégier une vision moins limitée des normes de genre et une valorisation franche des réflexions féministes. Mais aussi "éviter les généralisations outrancières et réductrices qui réduisent les choix tant pour les filles que pour les garçons".
Fort de la notion d'égalité des sexes, l'idée de déconstruction part du principe que les injonctions genrées font autant de mal aux hommes qu'aux femmes.
Malgré ces pistes de réflexion, ce terme a engendré d'abondantes moqueries, notamment de la part de la fachosphère. Ce n'est pourtant pas la première fois que Sandrine Rousseau l'aborde. Et la modère par ailleurs. "Un homme peut évidemment être féministe. Enfin, il peut être allié en tous les cas. Maintenant l'alliance ne se décrète pas, c'est pas un pin's qu'on se met au revers de la veste, c'est quelque chose qui s'inscrit dans les combats que l'on mène", avait déjà pu déclarer la militante écoféministe sur les ondes de France Inter.