Le sujet est des plus sérieux. Car contrairement à une idée reçue, un chien qui remue la queue, ne veut pas forcément dire un animal heureux, joueur, bref, animé d’une émotion positive. Ainsi de précédentes recherches ont montré qu’un chien heureux aura tendance à remuer la queue plutôt vers sa droite, alors que le chien nerveux aura une oscillation plutôt orientée vers sa gauche.
Comment cela est-il possible? Tout simplement parce que le chien a un cerveau qui a, comme nous, deux hémisphères. Or, comme l’explique le professeur Georgio Vallortigara, neuroscientifique de l’université de Toronto: «chez les humains, on sait déjà depuis longtemps que les hémisphères gauche et droit du cerveau sont impliquées de façon différente dans les stimuli qui provoquent des émotions négatives ou positives». Du coup, il s’est demandé s’il en était de même pour son chien, et a publié cette étude dans la revue scientifique Current Biology (en Anglais).
Précision importante: de la même manière que les humains, la partie droite du cerveau est responsable des mouvements des membres de la partie gauche du corps, et vice-versa. Comme les deux hémisphères n’ont pas le même rôle dans les émotions, est-ce qu’on peut deviner celles-ci avec des gestes extérieurs, involontaires? Et surtout, ces signaux sont-ils communicatifs, comme peut l’être le rire, ou encore le bâillement?
Georgio Vallortigara leur a donc montré des films montrant des chiens dans différentes situations. Il précise: «nous avons parfois montré que des silhouettes, pour éviter aux animaux d’être distraits par autre chose». Et il a filmé les agitations de la prolongation de la colonne vertébrale de ces chiens, tout en mesurant leur rythme respiratoire, et le nombre de leurs battements cardiaques, un peu comme dans un détecteur de mensonges, pour mettre en relation ces mouvements et le fonds de leur émotion.
Résultat, lorsque la queue des quadrupèdes s’agite plutôt à gauche, les signes vitaux trahissaient plus de l’anxiété que de la joie, et vice-versa. À ce stade, le professeur ne pense pas que cela soit un comportement intentionnel, mais lié à la socialisation de l’animal: «Si vous l’amenez souvent à la rencontre d’autres chiens, l’agitation de leur queue de ses congénères d’une certaine manière, associée à une attitude plutôt amicale, et vice-versa, engage tout simplement l’animal à se comporter de la même manière qu’eux, sur la base de cette expérience», explique Vallortigara.
Dans un article, publié sur le sujet sur le site britannique de la BBC (en anglais), on découvre que le phénomène marche en fait aussi bien face à des chiens-robots. Si comprendre les émotions de son chien est en soi un apprentissage, qui finit par venir avec le temps pour tout maître attentif, cette découverte semble tout de même une clé bien pratique pour mieux comprendre les comportements de l’ami. Sans avoir besoin pour autant de se mettre à aboyer.