Au Royaume-Uni (à l'exception de l'Irlande du Nord), l'avortement est légal depuis près de cinquante ans. Cependant comme le révèle un article du site The Conversation relayé par Slate.fr, l'accès à l'IVG est encore sous le joug d'une loi datant de 1861 et susceptible de condamner les résidentes britanniques à la prison à vie. La professeure de droit Shelly Sheldon, à l'origine de l'article, explique : "En l'état actuel des choses, une adolescente terrifiée qui prend des médicaments abortifs qu'elle s'est procurés sur Internet, sans avoir dit à quiconque qu'elle était enceinte, commet un crime passible de la perpétuité".
Preuve que cette loi régissant les atteintes à la personne est archaïque, elle considère également comme un délit le fait de mal nourrir ses serviteurs... Pourtant, comme l'explique Shelly Sheldon, alors que la commission législative britannique travaille actuellement à une révision de son contenu, les articles concernant l'avortement ne devraient pas être revus.
En 1861, lorsque la loi régissant les atteintes à la personne est votée, l'Angleterre est en pleine époque victorienne. Le parlement est 100% masculin et il faudra attendre encore quarante ans avant que les suffragettes ne fassent leur apparition. Il n'est donc pas très compliqué de comprendre pourquoi l'avortement était considéré comme un crime à cette époque. Mais ce que regrette vraiment Shelly Sheldon, c'est que le texte de loi datant de 1967 qu'elle considère également comme périmé, soit toujours en vigueur.
La professeure de droit explique ainsi que ce texte autorise l'avortement sous contrôle médical et "impose aux femmes voulant se faire avorter une gamme de restrictions cliniquement injustifiables – notamment le fait que la décision de l'avortement revienne obligatoirement à deux médecins, et non à la femme concernée".
Pour Shelly Sheldon, "il est grande temps que l'avortement soit décriminalisé au Royaume-Uni". En modifiant pour de bon la loi, on pourrait ainsi déstigmatiser pour de bon cet acte médical qui concerne une Britannique sur trois. Qui plus est, cela pourrait ainsi permettre de comprendre pourquoi cette "anomalie légale" fait de l'IVG la seule procédure médicale en Angleterre où les médecins n'ont pas besoin de reconnaître leurs patients comme des adultes responsables, capables "d'accepter la responsabilité d'une prise de risques qui pourrait mettre en danger leur vie et de vivre avec les conséquences de leurs choix".
Article original à lire sur The Conversation.com