La vidéo a été postée le 11 novembre et vue presque 10 000 fois depuis. Elle a été enregistrée dans le bus qui se rend de l’université au centre-ville de Stirling (Écosse) et montre les membres de l’équipe de hockey de l’établissement. Visiblement éméchés et bière à la main, menés par un chef de chœur, les joueurs entonnent une célèbre chanson à boire. « I used to work in Chicago, in a department store » [Je travaillais à Chicago dans un grand magasin], lance le meneur. Ce seront les seules paroles « neutres » d’une comptine ultra-misogyne, raciste et violente qui durera deux bonnes minutes.
La chanson se poursuit : « Une dame est venue au magasin un jour pour demander un KitKat », (tous en chœur reprennent « elle voulait un KitKat »). « Cinq doigts elle a eu », hurle d’une voix triomphale le chef de bande, récoltant immédiatement applaudissement et rires conquis de ses compatriotes qui reprennent le refrain à l’unisson : « Je travaillais dans un grand magasin à Chicago mais je n’y travaille plus ». Nouveau couplet : « Une femme est venue au magasin une fois pour demander une méthode allemande pour extraire le charbon. » Même jeu, et réponse du même acabit « Mein manche elle a eu. ». Et deux jeunes gens font le salut nazi. Puis : « Une femme est venue un jour au magasin pour avoir un orgasme… qui en a quelque chose à foutre de ce qu’elle a eu » et « Une femme est venue un jour pour avoir une voiture de dame (jeu de mot intraduisible), une fausse-couche elle a eue ! »
Une fille présente dans le bus finit par demander à voix haute si quelqu’un pense que « si les chanteurs avaient des relations sexuelles, ils auraient besoin de chanter autant de trucs sur le sexe. » Pas de réponse de la part de la bande. Autour, des voyageurs gênés ou effrayés.
Pour The Guardian, qui relate l’affaire, l’incident n’est pas un fait isolé mais bien la triste réalité de ce que les étudiantes anglaises ont à affronter chaque jour. Selon le journal, rien que le mois dernier, le projet « Everyday Sexism Project », qui a pour vocation de donner la parole aux femmes pour qu’elles témoignent de leurs expériences quotidiennes du sexisme, aurait reçu une centaines de témoignages similaires venant d’universités du pays.
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Richard Raymond, le vice-président du syndicat étudiant de l’Université, qui était dans le bus au moment des faits, s’est depuis excusé de n’avoir rien fait pour arrêter la chanson. Il a assuré que les joueurs allaient suivre une formation anti-sexisme. « Cela permettra de commencer à s'attaquer à la « culture masculine » et de montrer que ces faits ne sont acceptables sous aucun prétexte. » Un autre étudiant du bus, qui s’est confié au journal de l’université, a dit avoir été gêné de la situation mais estime qu’on ne peut rien faire lorsqu’on se trouve confronté à ce genre de groupe. Il aurait cependant été soulagé en voyant que quelqu’un filmait la scène. La vidéo aura permis, selon lui, d’ouvrir le débat.
L’Université prend de son côté l’événement très au sérieux. Les jeunes gens concernés passeront devant un conseil disciplinaire.