En classe sans soutien-gorge. Voici l'action militante qu'ont choisie les écolières du pensionnat Saint-Nom-de-Marie, à Montréal. Ce mouvement fait écho à une réaction de la direction de l'établissement scolaire, qui a réprimandé une élève de 16 ans parce qu'elle ne portait pas de sous-vêtements sous son chandail. Priée de se recouvrir, l'adolescente a préféré quitter les lieux et rentrer chez elle.
Cet événement a déclenché une immense vague de soutien de la part des autres écolières du pensionnat ainsi que dans une centaine d'autres écoles au Québec. Une pétition intitulée "Le port des soutien-gorge optionnel au PSNM. Un pas de plus vers la liberté !", réclamant le port optionnel du soutien-gorge dans les écoles a été signée par près de 1150 élèves. "Nous nous ne gueulons pas pour une révolution, nous réclamons le droit à l'évolution", revendiquent les signataires.
La ministre responsable de la Condition féminine québécoise, Hélène David, invite les directions d'école à se saisir du débat et à statuer sur la question du port du soutien-gorge à l'école, en organisant des discussions avec les élèves. "Les écoles peuvent probablement se gouverner là-dessus, qu'est-ce qu'on permet, qu'est-ce qu'on ne permet pas, a déclaré la ministre David en mêlée de presse. Est-ce qu'il y a une bonne réponse, une mauvaise réponse, moi je suis plutôt du côté de la liberté de choix, honnêtement", estime la ministre qui salue les jeunes filles qui ont lancé le mouvement pour leur capacité à poser "de vraies questions."
"Nous sommes fiers de voir que nos filles sont engagées et qu'elles souhaitent prendre des mesures afin de faire valoir leurs idéaux", a réagi de son côté le directeur général du pensionnat Saint-Nom-de-Marie, Yves Petit.
Cette histoire n'est pas sans rappeler celle de Lizzy Martinez, 17 ans. En avril dernier, cette étudiante américaine originaire de Floride s'est vue sommée de mettre du sparadrap sur ses tétons pour ne pas distraire les garçons de sa classe.
Bien décidée à faire valoir ses droits, Lizzy avait appelé à un "bracott" (littéralement un boycott du soutien-gorge) dans lequel les femmes ont été invitées à ne pas en porter et à l'accrocher sur leur sac à dos, et les garçons à scotcher des pansements sur leurs tétons par-dessus leur t-shirt.
Au Canada, de plus en plus de mouvements (principalement portés par des filles) pour revendiquer le droit de s'habiller librement voient le jour. C'est notamment le cas des Carrés jaunes, mouvement né à Québec en avril à l'école secondaire Joseph-François-Perrault et qui a notamment permis d'obtenir le droit pour les filles de porter des shorts à mi-cuisse.