"Desperate housewive" d'une soixantaine d'années, Frida vit un quotidien paisible et ordinaire aux côtés de son époux. Jusqu'à ce que ce dernier tombe sous le charme d'un clip de rap au sexisme bien vulgaire - et trop ordinaire lui aussi. Énervée comme jamais par ces représentations misogynes des femmes, notre protagoniste va alors se lancer dans un show extraordinaire. Et empouvoirant.
Voilà pour le pitch - des plus atypiques - de Modern Man, un court-métrage d'animation à rattraper fissa. Avec cette Frida (comme Kahlo) qui secoue quelque peu son benêt de mari, la réalisatrice alsacienne Victoria Grenier délivre une histoire aussi désopilante que féministe, fustigeant les codes sexistes qui imprègnent l'industrie musicale (et notre monde en général) tout en rendant aux grands-mères "badass" l'attention qu'elles méritent.
En quelques minutes seulement, ce court-métrage d'animation aborde bien des thématiques et des tabous. Et tout cela se visionne sur le site de la chaîne ARTE.
C'est d'ailleurs dans le cadre du concours de court-métrage d'animation mis en place par Arte que Modern Man a été (re)découvert, et ce après avoir été sélectionné au gré de nombreux festivals, comme celui (international et très réputé) d'Animayo en Espagne, précise France Info. Un choix bien mérité au vu de la qualité de cette fiction truculente et irrévérencieuse.
Subtilement (en off ou à l'image), la réalisatrice Victoria Grenier évoque aussi bien l'inégale représentation des femmes sur la scène politique que la charge mentale considérable des conjointes, des mères - et des grands-mères donc. A l'image de cette super mamie qui doit déblayer les ordures de son époux addict à la télé-poubelle. Mais le coeur de ce récit (pas si) fantaisiste reste évidemment la sursexualisation et l'objectification déplorable des femmes dans les vidéos de rap, une problématique qui ne date pas d'hier mais est pourtant toujours aussi actuelle.
A tout cela, l'héroïne senior de Modern Man rétorque par un fracassant et très lyrique "Express Yourself" ("Exprime-toi"). Un hymne sororal que n'aurait pas renié la Aretha Franklin de Respect ("All I'm askin' / Is for a little respect when you get home (just a little bit)"). Le clou du spectacle, pour un pied de nez féministe qui démontre que la révolte n'a pas d'âge. Car nos mamies ont bien des choses à nous apprendre sur la contestation de l'ordre (patriarcal) établi.