Etre sexiste, c'est considérer un sexe supérieur à l'autre et discriminer une personne par rapport à son genre.
Dans une majorité extrêmement répandue des cas, on appelle sexiste un·e individu·e qui pense que l'homme est supérieur à la femme et qui traite cette dernière différemment simplement parce qu'elle possède un vagin.
Il en existe deux formes principales : le sexisme "bienveillant", qui part du principe qu'une femme doit être protégée, "traitée comme une princesse", et le sexisme "hostile", qui lui estime simplement que la femme est incapable de créer, de travailler, voire d'être fiable à 100 %.
Un comportement que certain·es qualifient de "traditionnel", mais que l'on identifie davantage comme une peur de perte de pouvoir, ou de statut, par rapport aux femmes, souvent induit par un conditionnement sociétal de masculinité toxique.
Le sexisme, on y est confronté sur son lieu de travail ; en France, les femmes sont payées 25 % de moins que les hommes (soit environ 6000 euros), et 9 % de moins à poste équivalent, selon l'Insee. On y est confronté·e au sport, dans la rue, et aussi au sein de son couple. C'est justement ce domaine qu'ont voulu étudier les chercheur·ses de l'Université d'Auckland. Et particulièrement la notion de sexisme hostile.
Ils et elles ont alors interrogé 1096 hommes et femmes afin de saisir comment et pourquoi ce comportement se manifestait. Dans la plupart des couples au sein desquels l'homme démontrait des attitudes sexistes, celui-ci expliquait effectivement craindre de perdre son pouvoir, et surtout accusait sa partenaire de vouloir renverser les rôles. Une paranoïa conjugale qui naissait principalement de l'idée même que ces hommes avaient de la femme en générale.
"Les comportements agressifs peuvent avoir des conséquences désastreuses sur une relation parce que la partenaire est plus susceptible de partir, de partager ouvertement son insatisfaction et de moins s'engager", explique Emily J Cross, doctorante en psychologie et autrice principale de l'étude.
"Cela peut renforcer un stéréotype répandu chez les hommes sexistes qui croient que les femmes ne sont pas dignes de confiance. C'est un cercle vicieux."
Le problème lorsque l'on entame une relation sérieuse, c'est que l'on devient rapidement dépendant de l'autre. Une dépendance pas toujours malsaine, qui s'exprime obligatoirement lorsque l'on s'attache à quelqu'un et que son avis, son comportement, nous importent.
Mais qui dit dépendance dit aussi vulnérabilité, et donc statut de mâle dominant qui vacille. Et c'est ce phénomène, qui va à l'encontre de sa vision dépassée de virilité, que le sujet aura du mal à encaisser.
"Cette dépendance mutuelle limite le pouvoir d'un individu. Cela peut être très difficile pour les hommes qui ont des opinions sexistes parce qu'ils craignent déjà de perdre leur pouvoir au profit des femmes et qu'ils peuvent s'en prendre à leurs proches d'une manière nuisible", ajoute Emily J Cross.
Katherine Twamley, conférencière en sociologie à UCL (University College of London), explique également à The Independent que le salaire est un facteur important pour ces hommes, et qu'on remarque davantage de comportements abusifs de la part d'un partenaire qui ne supporterait pas que sa conjointe gagne la même chose que lui, voire davantage. Il essaierait ainsi de "rééquilibrer le pouvoir par des interactions agressives", d'après la sociologue.
Dur dur d'être un sexiste hostile au XXIe siècle, avec toutes ces femmes qui s'émancipent...
Si l'étude se focalise uniquement sur les relations intimes, les chercheur.ses indiquent cependant vouloir se servir des observations pour faire bouger les choses dans d'autres sphères.
"Si nous pouvons faire disparaître la crainte de certains hommes de perdre leur pouvoir au profit de leur partenaire, alors nous pouvons réduire les comportements agressifs et, en fin de compte, diminuer les luttes de pouvoir qui soutiennent l'inégalité entre les sexes", affirme la doctoresse en psychologie Nickola Overall, co-autrice du rapport.
Une analyse que partage Katherine Twamley, qui précise que "d'autres recherches ont montré que là où les hommes ont des attitudes égalitaires, leurs relations sont plus stables... Je pense que le sexisme doit être traité dans tous les domaines. Comme l'ont montré de nombreuses études, les pratiques familiales, y compris au sein du couple, ont des répercussions qui vont bien au-delà du contexte familial."