Letitia Chai, 18 ans et étudiante à l'université de Cornell dans l'état de New York aux États-Unis, était venue à la fac vêtue d'un short pour faire une présentation sur l'intégration des réfugiés. Mais sa professeure d'arts dramatiques Rebekah Maggor s'est permise de lui faire une remarque sur sa tenue et son "short trop court". "C'est vraiment ce que tu comptes porter ?" lui aurait alors demandé sa prof. S'en suit un débat entre élèves et la professeure pour savoir ce qui est approprié ou pas de porter dans un cadre professionnel.
La professeure a expliqué au Cornell Daily Sun, le journal de l'université : "Je ne dis pas à mes étudiants quoi porter, je ne définis pas non plus pour eux ce que constitue une tenue appropriée". Elle explique alors avoir voulu questionner en classe ce qu'était une tenue "correcte" mais pas critiquer la tenue en tant que telle. Elle précise : "En portant ce short, elle fait une déclaration". Selon l'enseignante lui aurait aussi signifié que son short aurait détourné l'attention des hommes du contenu de sa présentation. Un étudiant aurait enfoncé le clou en lui disant qu'elle avait une "obligation morale" de s'habiller de manière conventionnelle.
Choquée et en pleurs suite à cette discussion publique sur son look, Letitia Chai quitte la pièce. La professeure lui aurait alors déclaré dans le couloir : "Qu'en penserait ta mère ?". L'étudiante a répondu à cette question via un post sur Facebook : "Ma mère est une professeure de féminisme, d'études de genre et de sexualités. Elle a dédié sa vie à l'empowerment des gens de toute identité de genre. Donc je pense qu'elle n'aurait pas de problème avec mon short".
Rebekah Maggor l'aurait ensuite questionnée : "Que vas-tu faire maintenant ?" et Letitia Chai de répondre : "Je vais donner le putain de meilleur discours de ma vie". Elle rentre en classe, se déshabille et fait sa présentation comme prévue mais en sous-vêtements. Le soir même, elle lance un appel à ses camarades sur Facebook pour qu'ils se joignent à elle. Trois jours plus tard, elle revient faire sa présentation en sous-vêtements qu'elle diffuse en live sur Facebook. La moitié des personnes de la pièce l'imite et enlève leurs vêtements.
La professeure parle d'un malentendu même si elle est tenue de préciser que lors d'un cours précédent, un élève avait dû enlever une casquette à cause d'une règle stipulant que les élèves ait une tenue correcte. Ce à quoi Letitia Chai répond : "Dire à quelqu'un de retirer sa casquette, ce n'est pas la même chose que de dire à une fille que son short est trop court".
Onze élèves présents dans la classe ont rédigé un texte sur l'incident. Ils et elles précisent ce qui s'est passé en indiquant que la professeure se serait excusée pour son choix de mots pendant que Letitia Chai n'était plus dans la classe, et qu'elle comprenant que "la notion de 'short trop court' pour les femmes charriait un lourd bagage culturel et politique". Letitia Chai combat cette notion de "male gaze", de regard masculin, qui aurait été porté sur elle selon sa professeure et une partie de la classe."Je ne suis responsable de l'attention de personne parce que nous sommes capables de penser par nous-même et nous avons du pouvoir", conclut-elle.
Après cet incident, l'université va maintenant mettre en place des formations pour que ce genre de critiques sexistes ne se reproduisent plus.