On ne peut pas dire que le président du Comité d'organisation des JO de Tokyo-2020, Yoshiro Mori, aime passer inaperçu. Ce 3 février, le leader de 83 ans a suscité l'indignation des internautes et de la presse japonaise - notamment du quotidien national Asahi - en déclarant que les réunions en compagnie d'interlocutrices féminines "prenaient beaucoup de temps". Pourquoi ? Car "les femmes ont toujours du mal à finir", prétend-t-il.
C'est subtil. Si on l'imagine bien du genre à "manterrupter" (couper la parole des femmes), Yoshiro Mori se permet en tout cas de calculer et noter leur temps d'intervention. Bon à savoir. "Elles ont du mal à finir, ce qui est embêtant", aurait-il plus précisément déclaré lors d'une réunion des responsables du Comité olympique japonais, meeting ouvert aux médias, comme le rapporte le journal sportif L'équipe.
Une jolie pépite sexiste. Et ce n'est ni sa première, ni sa dernière. "Nous avons sept femmes au sein du comité d'organisation, mais elles savent rester à leur place", aurait-il encore précisé. Un curieux détail dont on se serait volontiers passé.
"Si vous augmentez le nombre de membres exécutifs féminins, et que leur temps de parole n'est pas limité dans une certaine mesure, c'est embêtant, car les femmes ont l'esprit de compétition. Si l'une lève la main, les autres croient qu'elles doivent s'exprimer aussi. C'est pour ça que tout le monde finit par parler", a développé l'orateur. De quoi cocher toutes les cases d'un bingo imaginaire du sexisme ordinaire. Difficile de faire plus rétrograde.
Si rétrograde d'ailleurs que bien des voix aujourd'hui fustigent celle de Papy Boomer. "Je me demande : à 83 ans, il fait quoi encore là-dedans ? Place au jeunes ouverts d'esprit s'il vous plaît !", fustige un lecteur de L'Equipe le temps d'un commentaire abondamment liké. "Monsieur Yoshiro Mori devrait prendre sa retraite", recommande de son côté un internaute japonais sur Twitter. Une proposition pas si absurde et malveillante dans la mesure où le président semble, de ses propres dires, épuisé à la moindre prise de parole...
Mais cet accueil plutôt virulent n'a pas vraiment bouleversé Yoshiro Mori. Comme l'indique l'AFP, l'ancien Premier ministre du Japon s'est simplement contenté de quelques discrètes excuses. Pas de quoi espérer de grandes révolutions au sein d'un pays qui, comme le rappelle le journal 20 Minutes, figure à la 121e place sur 153 pays au sein du dernier rapport sur les inégalités hommes-femmes du Forum économique mondial. Ouille.
Jeux Olympiques ou pas, c'est un bien triste record qui s'exprime là.