On attribue un nom au fait de retirer son préservatif pendant l'acte sexuel sans le consentement de son ou sa partenaire : le "stealthing". Autrement dit, la "furtivité". Depuis des années, de plus en plus de voix s'élèvent pour conférer à l'acte le terme de "viol". En avril dernier, une première poursuite envers un homme accusé de "stealthing" avait ainsi lieu dans un tribunal de Nouvelle-Zélande. Le tribunal de Wellington avait reconnu que cette pratique avait mis en danger la santé physique de la victime et lui avait causé des traumatismes psychologiques. L'affaire a abouti à l'emprisonnement dudit accusé. Et cette décision est en train de faire boule de neige.
Ainsi, la cheffe de l'opposition australienne Elizabeth Lee souhaiterait une criminalisation plus explicite au sein de la loi dans son pays, déclarant : "Les rapports sexuels sans consentement sont des agressions sexuelles. Et l'agression sexuelle est un crime". Elle n'est pas la seule à le penser, loin de là. La Californie désire aujourd'hui devenir le premier Etat américain à rendre illégal le "stealthing". L'acte a fait l'objet d'un texte particulier voté par les membres du parlement local, tel que le relate 20 Minutes.
Si le texte en question est signé par le gouverneur Gavin Newsom, le "stealthing" sera enfin considéré aux yeux de la loi californienne comme une agression sexuelle. Une avancée judiciaire des plus notables.
"Le 'stealthing' n'est pas seulement immoral mais aussi illégal", développe le texte de loi, initié par la parlementaire californienne Cristina Garcia. Et trop banalisé encore, pourrait-on ajouter. Comme le rapporte à ce titre le média britannique The Guardian, une femme sur trois et un homme sur cinq dans le monde auraient déjà été victimes de cette violation explicite du consentement. De plus, précise 20 Minutes, 12 % des femmes de 21 à 30 ans auraient déjà été victimes de cette agression.
A ces chiffres, la démocrate Cristina Garcia accole des réalités trop minorées, comme "les troubles psychologiques et physiques" dont souffrent sur le long terme les victimes, ou encore l'impunité des agresseurs. Le "stealthing" et sa considération juridique encore trop timide remettent au coeur du débat la notion cruciale de consentement.
"Il y a un manque de clarté juridique et sociale autour de l'acte, qui alimente les mythes et les tromperies autour des violences sexuelles, comme si le 'vrai viol' impliquait forcément la violence, la force extrême et la coercition, au lieu d'aborder la nécessité du consentement lors d'une relation sexuelle", déplore ainsi dans les pages du Guardian Bianca Fileborn, chercheuse sur les violences sexuelles à l'université de Melbourne. Des mentalités que la Californie désire aujourd'hui bousculer, et c'est tant mieux.