C’est une habitude chez les futures mariées. À l’approche du Jour-J, nombreuses sont celles qui immortalisent chaque étape des préparatifs avant de les partager sur les réseaux sociaux. Thea est de celles-là. D’origine norvégienne, elle a récemment créé son wedding blog Stoppbryllupet.blogg.no, sur lequel elle évoque le choix des pâtisseries, sa recherche de l’église parfaite pour la cérémonie, sa robe de mariée ou encore le choix des meubles du futur domicile conjugal.
Les préoccupations de toutes futures mariées en somme, si ce n’est que Thea n’a que 12 ans. Son fiancé, Geir, 37. « Bonjour, je m'appelle Thea et j'ai 12 ans. Je vais me marier dans un mois ! », annonce-t-elle fièrement en ouverture de son site. Avant de s’inquiéter quelques posts plus tard : « Lorsque j'ai parlé à maman du lit que j'aurai dans ma future maison, je n'avais pas réalisé que Geir et moi allions devoir dormir ensemble. Est-ce que cela veut dire qu'on va avoir des rapports sexuels ?! C'est dégoûtant ! Mais j'ai lu qu'il fallait essayer d'être sexy pour sa nuit de noces. »
Dès sa mise en ligne, ce blog a suscité l’indignation des internautes norvégiens, certains d’entre eux allant jusqu’à contacter la police pour dénoncer cette union. Une réaction saluée par l’ONG Plan. Et pour cause, l’organisation qui lutte pour les droits des enfants vivant dans les zones d’extrême pauvreté est à l’origine de ce blog fictif. Alors que ce 11 octobre marquera la troisième Journée de la fille, cette campagne vise à attirer l’attention de l’opinion publique sur le sort des dix millions de jeunes, mariées de force chaque année dans le monde. « Le destin de Thea est une réalité pour des millions de filles», a ainsi confirmé Olaf Thomessen, directeur de la section norvégienne de Plan, sur le site de l’association.
En effet, selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies, une femme de 20 à 24 ans sur trois est mariée pour la première fois avant ses 18 ans. Pire, un tiers d'entre elles est marié avant l'âge de 15 ans. Et si l’éventualité de ce mariage arrangé a déclenché une forte mobilisation en Norvège, cette pratique a couramment lieu, dans l’indifférence générale, en Asie du Sud, en Afrique subsaharienne, en Amérique latine, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais aussi dans certaines communautés d’Europe et d’Amérique du Nord.
Aussi, dans un entretien au site australien Mindfood.com, Olaf Thomessen s’est félicité du succès de sa campagne. « Nous pensons que la provocation est un outil puissant pour prouver qu’une réalité est vraiment très choquante », a-t-il réagi. Il a par ailleurs appelé les Norvégiens à agir pour faire reculer les mariages forcés dans le monde en parrainant des fillettes menacées. Un parrainage qui consiste à verser une certaine somme d’argent à leur famille afin que ces dernières puissent subvenir à leur besoin et, surtout, les scolariser.