Elle était devenue l'un des nombreux visages de l'horreur qui se joue en Ukraine. Une femme enceinte, se tenant le ventre, était évacuée en urgence vers un autre hôpital après le bombardement de la maternité de Marioupol ce 9 mars. Une attaque qui avait ulcéré la communauté internationale. Cette femme, dont on ne connaît pas encore le nom, est décédée ainsi que son bébé, annonce ce lundi 14 mars l'agence de presse américaine Associated Press (AP). Alors qu'elle réalisait qu'elle perdait son enfant, elle aurait supplié : "Tuez-moi maintenant", auraient confié les soignants qui l'ont transportée.
Timur Marin, le chirurgien qui l'a prise en charge, a indiqué que son pelvis avait été écrasé et sa hanche détachée. Son bébé a été mise au monde par césarienne, mais n'aurait montré "aucun signe de vie", a-t-il expliqué ce samedi 12 mars. Après "plus de 30 minutes de réanimation", la jeune mère n'a pas non plus survécu, a indiqué le médecin. Selon l'AP, le mari et le père de la jeune femme ont pu récupérer son corps.
Le bombardement de l'hôpital pour enfants de Marioupol aura donc fait deux victimes innocentes supplémentaires. Trois personnes étaient déjà décédées, dont une fillette.
Autre visage de la brutalité de la guerre, Mariana Vishegirskaya. Il y a encore quelques semaines, cette influenceuse ukrainienne postait des tutos sur son compte Instagram. Mais l'invasion de son pays par les forces armées russes a fait vaciller son existence. La jeune femme enceinte se trouvait dans la maternité de Marioupol au moment du bombardement. Sur les images captées juste après l'attaque, on pouvait apercevoir la jeune femme en pyjama, choquée, le visage ensanglanté.
Si elle s'en était sortie saine et sauve, la jeune femme s'était retrouvée au coeur d'une vaste campagne de propagande orchestrée, entre autres, par l'ambassade russe au Royaume-Uni. Dans un tweet désormais depuis supprimé par Twitter, celle-ci avançait que l'influenceuse était en réalité une actrice se faisant passer pour une victime et que l'attaque de la maternité n'était qu'une mise en scène. Une grossière fake news. Dès lors, Mariana Vishegirskaya avait été cyberharcelée par une armée de trolls sur les réseaux sociaux.
C'est pourtant un heureux dénouement qui s'est joué quelques heures après l'attaque de l'hôpital : Mariana Vishegirskaya a finalement donné naissance à une petite fille.
"Mariana, la femme enceinte, a donné naissance à une fille en bonne santé la nuit dernière", a indiqué Sergiy Kyslytsya, l'ambassadeur de l'Ukraine aux Nations-Unies ce vendredi 11 mars, en montrant la photo de la jeune femme et de son nouveau-né. "Son nom est Veronika. La voici avec son père. En dépit des mensonges des Russes sur elle, sa famille et l'incident."
Après le bombardement de la maternité de Marioupol, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait condamné un "crime de guerre". L'établissement serait la "troisième maternité" bombardée "à notre connaissance", après Kharkiv et Zhytomyr, avait déclaré Jaime Nadal, porte-parole du Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA), comme le rapporte BFMTV.