Une jeune Irakienne aurait tué un des commandants de l'organisation Etat islamique, samedi dans l'ouest de la ville de Mossoul, en Irak, selon les dires du porte-parole du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Saeed Mamouzini. Ce dernier a affirmé dans une interview accordée à la chaîne de télévision irakienne Al-Sumaria que la femme, issue de la minorité kurdophone des yazidis et réduite en esclavage par un certain Abou Anas, aurait assassiné l'homme après qu'il l'avait forcée à se marier à plusieurs hommes qui se trouvaient sous son commandement.
L'assassinat aurait eu lieu à Tal Roman, un quartier situé à l'ouest de la ville de Mossoul, aux mains de Daech depuis juin 2014. Aucune information n'a été donnée quant aux circonstances du meurtre. Celui-ci intervient quelques jours seulement après que plusieurs femmes "non irakiennes" ont été transportées par l'organisation terroriste à Mossoul pour être vendues comme esclaves sexuelles, selon Direct Matin citant l'agence de presse ABNA . Cette vente aurait été ordonnée par Ibrahim al-Samarrai, plus connu sous le nom d'Abu Bakr al-Baghdadi, le leader de Daesh.
Selon les ONG, plus de 5 000 femmes et enfants Yazidis auraient été enlevés l'an passé par Daesh pour être vendus comme esclaves. L'organisation Etat islamique en détiendrait toujours plus de 3 000. Une traite d'êtres humains pratiquée par Daesh dans le but d'attirer de nouveaux combattants en leur promettant des femmes et de terroriser les populations locales, d'après les Nations-Unies.
La vente de ces femmes, dont les tarifs et les viols ont été codifiés, représente une importante manne financière pour EI. Ainsi, dans un document intitulé "le prix de vente des butins", publié par l'organisation en novembre dernier, le montant des femmes Yazidies vendues oscille entre 33 et 200 euros, selon l'âge notamment. Un autre document, paru en décembre et baptisé "questions et réponses sur l'emprisonnement et les esclaves", justifie lui les viols de chrétiennes et de Yazidies par les combattants.
Dans le livre "Esclave de Daech" (Ed. Fayard), sorti vendredi dernier, Jinan Badel, une jeune Yazidie de 19 ans enlevée et réduite en esclavage par des jihadistes d'EI durant trois mois avant de parvenir à s'évader, raconte son calvaire. Une captivité, passée dans une prison de Mossoul, rythmée par les tortures et les marchés à esclaves où les femmes sont achetées en dollars, en dinars irakiens ou troquées contres des armes.
La jeune femme est de passage à Paris, ce mardi 8 septembre, à l'occasion de l'ouverture de la conférence internationale sur les victimes des violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient, en présence du président de la République, François Hollande . "Nous aidons les Kurdes à lutter contre Daesh et à protéger les populations. Dites à tous les Kurdes d'Irak notre amitié et notre soutien. Portez ce message !", a lancé le chef de l'Etat à l'adresse de Jinan Badel qui retournera prochainement "au Kurdistan irakien où elle habite dans un camp de réfugiés" et a "refusé l'asile qui lui était proposé", selon son interprète.