"C'était comme ça, pour rigoler". Voici le principal argument qu'un Strasbourgeois a invoqué pour justifier son agression perpétuée sur une jeune femme de 19 ans le jeudi 24 août dans une rue de la capitale alsacienne. La victime de cette agression sexuelle a raconté que l'homme avait commencé à la regarder de loin. Elle a néanmoins continué son chemin, jusqu'à ce que son agresseur la rattrape ."Il s'est approché de moi en me disant quelque chose que je n'ai pas compris. En passant derrière moi, il m'a frappé la fesse droite", a rapporté la jeune femme. Un passant qui assistait à la scène a interpellé la police pour dénoncer l'agression qui se déroulait sous ses yeux. La jeune femme a ensuite porté plainte.
Condamné par la justice, l'auteur de cette agression a écopé de 4 mois de prison ferme. Il devra également verser 500 euros de dommages et intérêts à la partie civile. Si l'avocat de l'agresseur a plaidé le motif du mélange alcool-médicaments, la procureure Valérie Itlis qui défendait la victime a objecté que l'alcool représentait justement une circonstance aggravante. En France, les agressions sexuelles sont en effet considérées comme des délits passibles de 5 ans de prison et de 75 000 € d'amende. Si l'agresseur a consommé des psychotropes comme de la drogue ou de l'alcool, cette peine peut s'alourdir et passer de 7 à 10 ans.
La magistrate en charge de l'affaire a pris le parti de la victime et a dénoncé "un geste particulièrement dégradant, humiliant". "Ces faits sont banalisés et ils pourraient se répéter", a-t-elle estimé, comme le rapporte le journal Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Selon un rapport 2015 du Haut conseil à l'égalité hommes/femmes, 6 femmes sur 10 ont peur d'une agression ou d'un vol, et 100% déclarent avoir été victimes de harcèlement sexiste ou avoir subi une agression sexuelle une fois dans leur vie.
Ces dernières années, d'autres condamnations pour des mains aux fesses ont eu lieu. En janvier 2016, un homme a été condamné à une peine de 5 mois de prison avec sursis pour avoir touché les fesses d'une mineure de 16 ans à Commercy (Lorraine). Ce dernier, qui s'était introduit dans l'internat de la victime, a également écopé d'une amende de 250 euros pour intrusion dans un établissement scolaire. En août 2014, un homme a lui aussi été arrêté pour avoir mis une main sur les fesses d'une représentante des forces de l'ordre. Cette fois, la sentence a été plus lourde : 9 mois de prison ferme.
Le tribunal correctionnel d'Avignon (Vaucluse) a quant à lui condamné un homme à deux ans de prison ferme pour avoir pincé les fesses d'une femme qu'il avait croisée dans la rue. Cette agression se révèle très similaire à celle de Strasbourg, même si dans ce cas, son auteur n'a pas plaidé la cause de l'alcool mais une situation professionnelle "instable". Ce à quoi la vice-procureure avait fermement répondu qu'en aucun cas "l'excuse du travail" ne pouvait justifier une telle "pulsion".
Selon un rapport 2014 de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, une femme sur trois est victime de violences sexuelles chaque année au sein de l'UE. Ces agressions ont lieu un peu partout : dans la rue, dans les transports en commun, dans les festivals... Récemment, un chanteur a interrompu un concert en repérant une agression sexuelle qui se déroulait au beau milieu de la foule. Ce geste mérite d'être salué, tant ce type de réaction reste rare, comme l'a prouvé la récente expérience sociale d'un youtubeur belge. L'initiative consistait à tester la réaction des passagers à la vue d'une jeune femme qui se faisait harceler par des hommes dans un tramway de Bruxelles plein à craquer. A l'exception de quelques-uns, la grande majorité des voyageurs n'est pas intervenue. Cette vidéo tournée en caméra cachée montre également que ce sont surtout des femmes qui ont porté secours aux victimes.