L'image publiée dans le ELLE anglais a choqué. Et pour cause, l'autorité britannique de surveillance de la publicité (ASA) s'est vue saisir d'une plainte et a tout bonnement interdit la photo de la campagne Saint Laurent Paris (nom du prêt-à-porter de chez Yves Saint Laurent). La raison : une mannequin jugée "maladivement maigre". L'ASA a en effet trouvé la publicité "irresponsable", attirant trop l'attention sur le buste du mannequin, où l'on distingue ses os, ainsi que sur ses jambes extrêmement minces.
Ce n'est pas la première fois que l'ASA s'attaque aux publicités des marques de mode. Cette année, Miu Miu s'était vue rappelée à l'ordre pour une campagne accusée de sexualiser un mannequin à l'air trop jeune. En 2011, c'était la marque Drop Dead qui voyait sa publicité interdite à cause d'un mannequin trop maigre.
Sur les podiums, dans les campagnes de pub et même sur les e-shops, le poids des mannequins est sujet à débat, après que de nombreux scandales soient venus éclabousser le secteur de la mode. Des révélations faites de l'intérieur qui ont choqué. En 2013, Kirstie Clements, ancienne directrice du Vogue australien révélait, dans une enquête baptisée "The Vogue Factor", comment les mannequins qu'elle avait fréquentées se nourrissaient de mouchoirs pour tromper la faim. Un an plus tard, Leah Hardy, ancienne de chez Cosmopolitan, expliquait au Daily Mail que le magazine retouchait les top-models pour les grossir, effaçant ainsi toutes les traces de mauvaise santé et créant de "belles anorexiques".
Des scandales qui ont poussé l'Assemblée nationale française à légiférer, votant, en avril 2015, l'interdiction au recours à des mannequins trop maigres et dénutris. La France a ainsi emboîté le pas à l'Espagne, l'Italie ou bien Israël en interdisant la maigreur excessive dans les pubs et sur les podiums. Le texte vise à punir de 75 000 euros et six mois de prison ceux qui feraient appel à des mannequins dont l'indice de masse corporel serait inférieur à 18. "En France, 30 000 à 40 000 personnes souffrent d'anorexie, en majorité des adolescentes. L'impact de la mode sur ces jeunes filles a été démontré par de nombreuses études.", expliquait à La Parisienne, Olivier Véran, député à l'origine du projet.
Si de plus en plus de personnes semblent s'accorder sur l'impact qu'auraient les top-models maigres sur les jeunes, tout le secteur de la mode ne partage pas cet avis. Karl Lagerfeld déclarait ainsi, en 2012, que personne dans la mode ne travaillait avec des anorexiques. Reste donc à savoir si l'interdiction de la pub Saint Laurent Paris fera réagir les autres marques de mode. En attendant, la maison Saint Laurent s'est dit en désaccord avec le jugement, n'estimant pas leur mannequin trop maigre.