On croyait les femmes trop compliquées pour avoir droit, elles aussi, à la petite pilule bleue. Finalement, l’arrivée du Viagra féminin dans nos pharmacies ne serait l’affaire que d’une poignée d’années. Les résultats d’une étude présentée cette année par le docteur Ellen Laan, du département de sexologie et psychosomatique en gynécologie à Amsterdam, prouvent l’efficacité d’un gel à la testostérone sur le désir et l’excitation sexuelle des femmes. La nouveauté, c’est qu’on l’administre par le nez. « Ce mode d’utilisation de la testostérone semble davantage efficace pour stimuler les femmes », rapporte Jacques Buvat, président de la société francophone de médecine sexuelle. Il a assisté aux démonstrations du docteur Laan, qu’il a jugées prometteuses.
Le centre de recherche pharmacologique néerlandais a mené avec le laboratoire canadien Trimel une étude sur deux groupes de 32 femmes. Dans le premier groupe, 16 souffraient de troubles du désir, 16 autres souffraient d’anorgasmie : toutes ont reçu un gel à la testostérone par voie nasale. Le deuxième groupe a été traité avec un placebo. Les réactions psychiques et physiques ont été observées dans les heures suivantes simultanément à la projection de films érotiques. Résultat : les scientifiques notent une augmentation du désir mais aussi de la sensation d’excitation chez les femmes ayant reçu le gel. « Dans la sexualité, quand tout se passe bien, le désir mène à l’excitation, qui mène à l’orgasme », explique J. Buvat, « sous l’effet de ce gel à la testostérone, l’amplitude des pulsations artérielles au niveau du vagin augmente, par conséquent même les femmes qui ont des difficultés à avoir un orgasme y parviennent mieux ». En clair, une petite révolution pour les deux troubles majeurs de la sexualité féminine.
L’étude a permis de mettre en lumière les vertus de l’hormone sexuelle mâle, capable d’amplifier non seulement le désir, mais aussi l’excitation génitale et psychique. Selon le Dr Buvat, l’autre grande nouveauté est cette efficacité ultrarapide de l’absorption par le nez qui va venir bousculer les traitements de fond existant sous forme de patch ou de crème. On inhale, et une heure après, les premiers effets sont là.
Après l’étude pilote, le gel nasal devrait être testé auprès d’un plus grand nombre de femmes, et des recherches plus complètes seront menées sur les effets de la testostérone sur l’organisme. Le point rassurant, c’est que « l’administration intranasale permet de faire augmenter très rapidement le taux de testostérone dans le sang sans dépasser les limites normales chez la femme », précise J. Buvat. Mais il faudra néanmoins une dizaine d’années de recul pour étudier tous les risques éventuels liés à la testostérone. Pour le moment, les effets indésirables des traitements ne concernent que 10% des femmes, mais ils sont tout à fait capables de faire retomber tout argument sensuel : réveil de l’acné ou développement accru de la pilosité.
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