"L'homme l'ignore trop souvent, mais son plus beau joyau, c'est la femme qui partage sa vie. Rien, absolument rien ne saura expliquer ou pardonner les violences faites à une femme". Voilà le tweet qu'a posté le 19 novembre la police nationale du Bas-Rhin. Une publication bien intentionnée (accompagnée du hashtag #ArrêtonsLesViolences), mais jugée maladroite voire embarrassante.
Car pour bien des internautes féministes, cette sensibilisation aux violences conjugales ne passe pas. "Prenez nos plaintes plutôt qu'écrire des poèmes", fustige Anna Toumazoff, l'instigatrice de la mobilisation digitale #DoublePeine, laquelle incite les victimes de violences sexuelles à témoigner de leur (mauvais) accueil au sein des commissariats. "Au commissariat central de Montpellier, on demande aux victimes si elles ont joui. Et on explique aux victimes de viol qu'une personne qui a bu est forcément consentante", avait dénoncé la militante.
Le "poème" virtuel a vivement été critiqué sur les réseaux sociaux.
"Arrêtez vos pitreries. Les femmes n'ont pas à partager la vie de quiconque pour mériter de ne pas se faire tabasser", a ainsi fustigé l'autrice et militante féministe Klaire fait Grr sur Twitter. Avant de développer son propos à l'encontre de ce tweet, depuis supprimé : "Les violences masculines ne sont pas un 'mystère inexplicable' mais l'effet d'un système de domination".
Au centre de ces critiques, c'est la métaphore initiale du "beau joyau" qui suscite la perplexité. "Les femmes ne sont pas les joyaux ou des trophées, c'est pas des trucs, à mettre dans des coffres ou à sertir sur vos bijoux de famille", dénonce ainsi un internaute. "Mais non, c'est un vrai tweet ? Trop hâte de devenir le joyau d'un homme", ironise de son côté l'une des nombreuses abonnées du compte d'Anna Toumazoff.
"Et sinon, vous avez pensé à 'Arrêtons la connerie et le sexisme ?' Je te jure. 'Son plus beau joyau'. Non", a critiqué Caroline De Haas, instigatrice du collectif féministe #NousToutes. Un bad buzz auquel a réagi la DDSP 67 l'espace d'un message : "Notre tweet publié ce matin était maladroit et nous le regrettons. Plus que jamais, nous sommes engagés chaque jour pour lutter contre toutes les formes de violences faites aux femmes". Un mea culpa bienvenu.