C'est une chanson douce qui résonne comme un rap fracassant. Avec son titre Mama, l'artiste lyonnaise Lenah s'attaque à un sujet primordial (les violences conjugales) à travers le regard d'une jeune fille alter ego au look infantile (T-shirt Little Miss Princess et couettes), désirant mettre l'agresseur paternel hors d'état de nuire.
Une violence traversée par quelques sonorités de berceuse. Lyrics fortes dans la bouche et arme au poing, l'héroïne de ce morceau navigue dans un environnement dominé par le rose bonbon "girly" et la menace physique, palpable. Lenah nous raconte : "Un jour, j'ai entendu ma fille de neuf ans chanter la berceuse 'Fais dodo Colas mon petit frère' et j'ai prêté attention aux paroles : 'Maman est en haut, papa est en bas'. Le déclic s'est fait : j'ai imaginé une famille et je me suis mise à la place d'une petite fille témoin de la violence que subit sa mère".
Deux jours plus tard, Mama était né. Un son particulièrement important aux yeux de cette jeune chanteuse de 27 ans. Maman solo issue d'une famille d'artistes, elle avoue avoir "la musique dans la peau". On confirme.
Et l'artiste de développer : "J'ai choisi de prendre le point de vue de l'enfant, car c'est ce qui rend le contexte plus dur et touchant. Les enfants sont eux aussi touchés dans ce genre de situation, témoins, n'ont pas le droit d'en parler ou sont maltraités eux-mêmes. Leur point de vue n'est que rarement évoqué et pourtant, il est tout aussi important". Un discours des plus pertinents. Et illustré en anglais, l'idéal pour retentir à l'international.
"J'espère que mon clip aura un impact et pourra sensibiliser le public au sujet des femmes battues, permettra une prise de conscience générale", détaille en ce sens la chanteuse de 27 ans. "Je me sens concernée puisque moi-même, j'ai été sous l'emprise d'un homme. Je n'ai pas été battue, la violence était plutôt verbale et psychologique. Mais je sais à quel point il est difficile de sortir de ce genre de situations."
Une sincérité qui se ressent à l'écoute du clip. Et nombreuses sont celles à l'avancer. Certaines femmes victimes de violences conjugales ont ainsi contacté l'artiste, "très émues par le clip", témoigne cette dernière. Des retours chaleureux qui ont incité Lenah à mettre en place le hashtag #dontbesilent. Ne restez pas silencieuses.
Une incitation à libérer la parole, d'autant plus forte en plein confinement - un contexte qui exacerbe les risques de violences. "Nous devons tous sortir du silence et être solidaire", conclut Lenah. Bien dit.