En 2016, 124 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en France selon une étude du ministère de l'Intérieur. Si les campagnes de sensibilisation se multiplient et la parole des femmes se libèrent, les violences conjugales restent un véritable défi à l'échelle mondiale. Ainsi, les initiatives pour faciliter la prise en charge des victimes se multiplient et au Québec, c'est un système d'alarme auprès des forces de l'ordre qui a été imaginé. Disponible à Montréal, Laval et Gatineau, il arrive à présent dans la ville de Longueuil. Ce protocole gratuit s'appelle ISA soit Installation de Système d'Alarme. Il est mis en place par le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) en partenariat avec l'Indemnisation des victimes d'actes criminels (IVAC), le Centre d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC) et les maisons d'hébergement Carrefour pour Elle et le Pavillon Marguerite de Champlain.
Comme le directeur du SPAL, Fady Dagher, l'a expliqué à Radio Canada, il s'agit d'un "bouton panique" que la personne doit porter sur elle. Il est actif à l'intérieur de sa maison et à l'extérieur seulement sur le terrain qui lui appartient. Ce bouton est relié à un système d'alarme installé dans la résidence. S'il est déclenché, il envoie une alerte directement à la centrale de police. Les forces de l'ordre envoyées sur place sauront que l'intervention concerne une affaire de violences conjugales.
"Ce qu'il y a de plus dans ce programme-là, c'est que l'adresse devient un lieu d'intérêt. Il y a une fenêtre qui s'ouvre et il y a des informations nominatives sur l'ex-conjoint. On va avoir la description physique de monsieur, la description de son véhicule. Pour nous, les policiers, ça nous permet d'intervenir plus rapidement, plus efficacement", souligne Josée Gagné, policière de Longueuil, à Metro. En plus d'offrir une intervention optimisée, cela permet aussi aux victimes de se sentir plus sereines dans leur vie quotidienne : "Ça augmente leur sentiment de sécurité. C'est sûr qu'elles auraient pu faire le 9-1-1, mais ça, c'est encore plus rassurant. [Les policiers] ne poseront même pas de questions, ils vont arriver directement à leur domicile. Donc c'est vraiment rassurant à ce niveau-là", explique à Radio Canada la directrice générale de Centre d'aide aux victimes d'actes criminels de la Montérégie, Catherine Cartier.
Attention, toutes les victimes de violences conjugales ne pourront pas bénéficier de ce programme. En effet, elles doivent répondre à quatre critères. Tout d'abord, il faut que leur situation soit jugée comme étant à "haut risque". Ensuite, elles ne doivent plus habiter avec le conjoint violent, avoir porté plainte et enfin poursuivre les démarches judiciaires. C'est seulement à ce moment-là que leur dossier sera examiné par les autorités en charge du programme. Inutile de dire que toutes ces conditions limitent énormément le nombre de candidates pouvant bénéficier du bouton panique. Seules 14% des victimes de violences conjugales déclarent avoir porté plainte selon l'Insee et nombre d'entre elles font machine arrière.
"Il faut mettre en place des mesures autour des femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants et pas seulement une. Il faut qu'il y en ait plusieurs comme un oignon avec des pelures de protection, un filet de sécurité", explique Manon Monastesse, directrice La Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, au Journal de Montréal. Si l'arrivée de ce protocole à Longueuil est un premier pas, il devrait pouvoir "être accessible dans tout le Québec, avec tous les services de police." Dans la ville, environ six femmes bénéficieront du système d'alarme.