La Nouvelle-Zélande est en passe de devenir le deuxième pays du monde à accorder un congé payé spécifique pour les victimes de violences conjugales. Mercredi 25 juillet, les députés néo-zélandais ont adopté une loi à 63 voix contre 57 visant à créer un congé rémunéré de 10 jours, tout comme l'a fait les Philippines 14 ans plus tôt.
Le projet de loi a pour objectif de "mettre un terme aux violences et d'obtenir de l'aide sans craindre de perdre leur emploi", comme l'a expliqué la députée du Parti Vert Jan Logie, à l'initiative de cette proposition. "C'est gagnant pour les victimes, gagnant pour les employeurs et gagnant pour la société", a ajouté la politicienne.
Cette mesure qui entrera en vigueur à partir d'avril 2019 permettra notamment aux victimes qui se sont enfuies de leur foyer de parer au plus urgent : trouver un nouvel appartement, changer de ville, scolariser les enfants dans une autre école etc.
La future loi prévoit également d'accorder un congé supplémentaire aux victimes si besoin (ces dernières ne seront pas tenues de fournir une preuve de leur situation). Le dispositif législatif vise par ailleurs à rendre illégal toute discrimination à l'encontre des victimes.
Cet aspect de la loi vient contrecarrer les arguments du Parti national du pays qui s'était opposé à la loi, affirmant que l'instauration d'un congé spécifique pour les victimes pourrait produire un impact négatif sur leurs chances de se faire embaucher.
Je suis très heureuse que les partis du gouvernement aient appuyé mon projet de loi visant à mettre en place des mesures de protection sur le lieu de travail pour les victimes de la violence au sein du couple. C'est bénéfique pour la société, les victimes et les entreprises. Je suis tellement déçue que les discours du Parti national n'aient pas reflété la législation ou les preuves.
Pour Jan Logie, le vote de cette loi représente la première étape dans la lutte contre la violence domestique endémique et horrible qui sévit dans le pays. Si la Nouvelle-Zélande figure parmi les pays pionniers en matière de défense des droits des femmes (1er pays au monde à avoir accordé le droit de vote aux femmes en 1893), il est paradoxalement l'un des plus touchés par le fléau des violences conjugales.
D'après une infographie réalisée par le site de campagne humanitaire It's Not Okay, la moitié des homicides commis en Nouvelle-Zélande sont le résultat de la violence familiale, et 1 femme sur 3 subit la violence physique ou sexuelle de son partenaire. Le taux d'homicide et de féminicide commis au sein du foyer est par ailleurs deux fois plus élevé en Nouvelle-Zélande qu'en Australie et au Canada.
En mars dernier, le gouvernement australien a annoncé qu'il prévoyait d'introduire des mesures pour instaurer cinq jours de congé sans solde afin d'aider les victimes de violences conjugales. Comme le rappelle l'édition britannique de l'Huffington Post, plusieurs provinces canadiennes accordent également des congés aux personnes victimes de violence familiale.