"Les Français·e·s et les représentations sur le viol". Voilà l'intitulé d'une nouvelle enquête minutieuse et chiffrée de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, accompagnée d'un sondage réalisé par l'institut Ipsos auprès de 1035 personnes représentatives de la population du 15 au 17 novembre 2021. Une recherche dont les résultats ne manqueront pas de faire réagir.
Car au sein de cette enquête scrutant la perduration des stéréotypes sexistes, des violences et de la culture du viol en France, on découvre d'édifiantes observations. Par exemple ? 1 Français sur 5 considère encore que forcer son conjoint à avoir des rapports sexuels "n'est pas un viol". Mais ce n'est pas tout.
Selon l'enquête, 52 % des jeunes de 18 à 24 ans considéreraient qu'il est fréquent que les personnes qui accusent de viol "mentent par déception amoureuse ou vengeance". Une certaine idée du victim blaming. De plus, à en croire 69% des sondés, "de nombreux événements sont ressentis comme violents par les femmes alors qu'ils ne le sont pas pour les hommes".
Autre chiffre alarmant : 20% des 18-24 ans ne considèrent pas que "forcer une personne à avoir un rapport sexuel alors qu'elle refuse et ne se laisse pas faire" comme un viol (contre 8% de la population en général). Et 36% des 18-24 pensent qu'une femme "peut prendre du plaisir à être humiliée ou injuriée".
Par ailleurs, d'autres stéréotypes perdurent. Par exemple ? 51% des personnes interrogées assurent que "pour un homme, il est plus difficile de maîtriser son désir sexuel que pour une femme".
Malgré tout, des évolutions s'observent au niveau des chiffres, et donc des mentalités. "︎Pour la 1ère fois, nous voyons une amélioration avec un net recul de l'adhésion des Français·es aux stéréotypes sexistes et à la culture du viol par rapport aux deux premières enquêtes de 2016 et 2019, bien qu'une majorité des Français·es continuent à y adhérer, surtout les hommes", explique l'association.
86 % (contre 79% en 2015) des sondé·es sont par exemple d'accord avec le fait "qu'avoir un rapport sexuel avec une personne qui dit clairement être non consentante mais qui cède quand on la force, est un viol".
"En revanche, ce n'est pas du tout le cas pour les jeunes de 18 à 25 ans (et surtout les jeunes hommes de 18 à 24 ans) qui adhèrent bien plus que les autres tranches d'âge à une vision sexiste, ce qui avec l'insuffisance d''information sur les lois, les conduites à tenir et les ressources est très préoccupant", note Mémoire Traumatique et Victimologie.
Il est à souligner que plus de 90% des Français·es sont favorables à de nouvelles mesures pour mieux lutter contre les violences sexuelles "telles l'imprescriptibilité des crimes sexuels, la formation obligatoire de tous les professionnels, la création de centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles dans chaque département, de même pour les premières mesures préconisées par la Commission indépendante inceste et violences sexuelles envers les enfants (CIIVISE) sur la suspension ou le retrait de l'autorité parentale du parent incriminé en cas d'inceste signalé ou condamné."