Ce sont des rumeurs qui courent depuis quelques années et qui ressurgissent aujourd'hui alors que l'invasion de l'Ukraine fait rage. Comme s'il fallait expliquer de façon rationnelle le comportement irrationnel de Vladimir Poutine par une quelconque maladie ou un trouble mental.
Ainsi, le DailyMail avance une hypothèse physiologique à la décision scandaleuse du président russe d'envahir l'Ukraine. Citant des sources proches du Kremlin, des hauts responsables de l'alliance du renseignement "Five Eyes" (comprenant l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis) soutiendraient que Vladimir Poutine pourrait souffrir d'"un trouble cérébral causé par la démence, la maladie de Parkinson ou la 'rage roid' résultant d'un traitement aux stéroïdes contre le cancer."
"Il y a eu un changement identifiable dans sa prise de décision au cours des cinq dernières années environ. Ceux qui l'entourent voient un changement marqué dans la pertinence et la clarté de ce qu'il dit et dans la façon dont il perçoit le monde qui l'entoure", aurait confié une source.
L'ex-ministre britannique des Affaires étrangères, Lord David Owen, avait lui aussi émis l'hypothèse d'une addiction aux stéroïdes auprès de la BBC, comme le relaie RTL. "Je pense que son immunité est altérée, soit par des corticoïdes qui lui sont administrés pour une autre maladie, soit par les stéroïdes que vous donnez aux personnes qui font de l'haltérophilie et de l'haltérophilie."
Les traitements par corticoïdes peuvent en effet induire des troubles de l'humeur comme de l'irritabilité ou de l'anxiété.
Contacté par CheckNews, Sergueï Jirnov, présenté comme un ancien espion du KGB, avait également avancé quelques pistes sur la santé de Vladimir Poutine. "Les rumeurs sur l'état de santé de Poutine, c'est une vieille histoire. (...) Au début, Vladimir Poutine se mettait en scène pour se montrer en pleine santé, alors ce n'est que dernièrement, à 70 ans, que ces rumeurs le rattrapent. Depuis cinq ans maintenant, elles vont et viennent. Il y a des Cassandre qui disent depuis des années qu'il va mourir dans une semaine", explique-t-il. "Mais de fait, il vieillit et à ces rumeurs s'ajoute ce qu'on peut constater de visu, notamment son visage bouffi."
En novembre 2020 déjà, un opposant au régime et professeur d'Histoire à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO) déclarait dans le tabloïd The Sun que le président russe pourrait souffrir à la fois d'un cancer et de la maladie de Parkinson. Des déclarations démenties par Moscou, qui avait alors dénoncé "une absurdité absolue."
Mais pourquoi chercher une explication médicale au comportement du chef du Kremlin ? C'est ce qui interpelle
le Dr Nassir Ghaemi, professeur de psychiatrie à l'Université Tufts et chargé de cours en psychiatrie à la Harvard Medical School. L'expert développe dans un article publié sur le site Psychology Today : "Vladimir Poutine, président de la Russie, est impopulaire en Occident depuis son invasion de l'Ukraine. Pourtant, à commencer par la présomption de santé mentale, nous n'avons aucune preuve clinique connue du contraire : pas d'hospitalisations, ni d'épisodes dépressifs documentés, ni d'états maniaques documentés ; aucune connaissance de ses habitudes de sommeil ou de ses activités sexuelles ou de son niveau d'énergie. Bien sûr, de tels états pourraient être cachés à la vue du public. Ils le sont généralement, mais pas toujours", écrit-il.
Nassir Ghaemi souligne non sans ironie qu'"il n'est pas nécessaire de chercher un déséquilibre mental pour expliquer l'invasion d'une nation innocente. Un président américain l'a fait en Irak en 2003 et aussi au Vietnam au milieu des années 1960. Un acte politique irrationnel n'implique pas une irrationalité personnelle."
Que fera le chef du Kremlin par la suite ? Le psychiatre, s'appuyant sur le possible le syndrome d'hubris de Poutine, avance : "Sa logique géopolitique ne changera pas. S'il ne réussit pas, il échoue. Il ne peut pas battre en retraite. Il ne sera pas convaincu du contraire par le raisonnement. Il surestimera ses propres raisons et personne dans son entourage ne l'influencera autrement." Pas très rassurant.