Il faut vraiment écouter Jean-Paul Rouve quand il parle de Gabriel Matzneff, le rôle le plus difficile de sa vie
Jean-Paul Rouve attend Les Cadors Photocall as part of the 15th Angouleme Film Festival in Angouleme, August 24, 2022, France. Photo by Jerome Domine/ABACAPRESS.COM
Trois ans plus tard, on ne s'est pas encore remis du choc Le consentement. Dans ce livre, l'ex directrice des éditions Julliard Vanessa Springora relate comment, à l'âge de 14 ans seulement, elle a été prise entre les griffes de l'écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans. Une étude du phénomène de l'emprise, du pouvoir, de l'impunité, et de comment une société en vient à "consentir", normaliser, cette abjection.
Désormais, l'on attend de voir au cinéma l'adaptation de ce grand livre, attendue en salles le 11 octobre. Réalisée par Vanessa Filho, ce film met en scène Kim Higelin, qui y incarne Vanessa Springora, et Jean-Paul Rouve. L'acteur se retrouve dans la peau Gabriel Matzneff.
Pour ce faire, il a perdu du poids, pratiqué la natation (c'était le cas de l'écrivain), relu ses journaux. Ce rôle fut le plus compliqué de sa carrière. Photo by Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM
Pourquoi ? Jean-Paul Rouve l'explique très bien dans l'émission Beau Geste, diffusée le dimanche 8 octobre sur France 2. "Quand je voyais des acteurs dire 'oui, je rentre chez moi avec le rôle', je me disais qu'ils en faisaient trop... En fait, je me suis rendu compte que quand je rentrais chez moi le soir, c'était comme si j'avais joué toute la journée dans la boue et que je voulais prendre une douche. Une douche de la tête" Photo by Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM
Jean-Paul Rouve le précise très vite : il n'éprouve aucune fascination pour Gabriel Matzneff. Ou d'empathie. Ce qui ne semble pas être le cas de tout le monde. Il raconte ainsi, à Pierre Lescure : "Il y a un journaliste qui m'a dit : 'Vous savez, je connais bien Matzneff, moi... Et c'est plus compliqué que ça'... Ah !"
"Bah non, c'est pas plus compliqué que ça en fait. C'est un homme de 50 ans avec une gamine de 14 ans. C'est pas compliqué", décoche sans hésiter l'acteur.
L'occasion de rappeler une réalité avec fracas : si ce qu'elle dit de la société est vaste, et de l'emprise, "l'affaire Matzneff" est également source de réalités très pragmatiques. Sur les abus, les violences, la manière dont le pouvoir peut être employé, quel qu'il soit.
Il ajoute : "J'avais besoin de prendre une douche de la tête. J'ai dit tellement de saloperies toute la journée... Votre cerveau sait que c'est faux, mais il garde quand même un petit bout de tout ça". A écouter l'acteur, "c'est un rôle à part, on ne peut vraiment pas le prendre avec ses armes". Comprendre : contrairement à tout autre rôle. Photo by Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM