D'après le Center for Disease Control and Prevention (CDC), l'agence de protection de la santé publique américaine, les femmes qui veulent avoir des rapports sexuels feraient mieux de s'abstenir carrément de boire si elles ne veulent pas enfanter des bébés anormaux.
Mardi 9 février, le CDC a publié un communiqué au sujet des conséquences de l'alcoolisation foetale, qui peut "causer des troubles physiques, comportementaux et intellectuels sur le long terme" et qui sont dus à la consommation d'alcool pendant la grossesse.
"Environ 3,3 millions de femmes entre 15 et 44 ans prennent le risque d'exposer leur bébé à l'alcool parce qu'elles boivent alors qu'elles sont sexuellement actives et n'utilisent pas de contraception, selon le rapport du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies publié aujourd'hui. Le rapport démontre également que 3 femmes sur 4 qui souhaitent être enceintes ne cessent pas de boire de l'alcool quand elles arrêtent de prendre une contraception", y est-il écrit.
"L'alcool peut avoir des conséquences permanentes sur un bébé en plein développement avant même que la mère sache qu'elle est enceinte", a déclaré Anne Schuchat, directrice du CDC. "Environ la moitié des grossesses aux Etats-Unis ne sont pas programmées et même quand elles le sont, la plupart des femmes ne le découvrent pas avant le premier mois, et continuent à boire dans l'intervalle. C'est un vrai risque. Pourquoi le prendre ?", a ajouté cette dernière.
Le problème de ce communiqué, c'est qu'il contribue à culpabiliser les femmes en leur disant en substance de ne pas boire d'alcool si elles ont des relations sexuelles au lieu de se pencher sur les raisons pour lesquelles un si grand nombre d'Américaines n'ont pas accès à la contraception. Comme le note le site Mic, de nombreuses femmes rencontrent des difficultés pour se procurer la pilule aux Etats -Unis, et ce pour une myriade de raisons : soit parce qu'elles ne sont pas assurées pour, soit parce qu'elles n'ont pas les moyens de payer une visite chez le médecin qui leur prescrira, soit parce les pharmaciens refusent de la vendre, etc...
Par ailleurs, ce communiqué élude habilement la question de l'avortement. Il semble en effet acquis aux yeux de ses auteurs que toute grossesse doit être poursuivie jusqu'à son terme, comme si l'option d'y mettre fin n'existait pas. Ce qui en dit long sur l'évolution des mentalités dans un pays où le droit à l'avortement est sans arrêt remis en cause et combattu par les franges les plus conservatrices de la population.
Enfin on ne résiste pas à poser la question suivante : "Et les hommes ?". Comment se fait-il en effet que le CDC ne recommande pas à ces derniers dans le même communiqué d'utiliser un préservatif ?