On aurait pu penser que le documentaire à charge réalisé par Felicity Morris et diffusé sur Netflix l'arrêterait dans sa course et offrirait une victoire tant espérée à ses nombreuses victimes. Visiblement, ce n'est pas le cas. Simon Leviev, l'Israélien qui a extorqué des centaines de milliers de dollars à ses "compagnes" et "amies" (mais pas que) à coup de mensonges sur son boulot, sa fortune et ses "ennemis", vient de signer avec une agente à Hollywood et de s'inscrire sur la plateforme Cameo, site qui permet à des personnes connues de récolter du fric en échange d'une dédicace vidéo personnalisée.
A la question : être un enfoiré notoire rapporte-t-il gros dans notre société capitaliste ? La réponse semble couler de source. Enfin, à la condition, bien sûr, que l'enfoiré en question soit un homme blanc. Ça va de soi.
Dernière preuve en date à confirme cette analyse : Anna "Delvey" Sorokin croupit depuis plusieurs années en prison (elle y est retournée après avoir servi sa peine pour une histoire de visa), tandis que Shimon Hayut n'a pas été reconnu coupable pour ses crimes malgré la rigoureuse documentation des concernées. Il n'a effectué que 5 petits mois derrière les barreaux avant de se relancer dans un business de consulting qui pue l'arnaque à 100 kilomètres.
Loin de nous l'idée de défendre l'usurpatrice russo-germanique, mais le double standard est trop rageant pour qu'on ne le souligne pas.
En parlant de colère, Pernilla Sjoholm, n'a pas pu, elle nous plus, s'empêcher d'exprimer la sienne sur le plateau de ETCanada lorsqu'elle a été interrogée sur la reconversion de celui qui lui a soutiré 40 000 euros. Comme on la comprend.
"Pour être honnête, j'ai eu le coeur brisé de voir une entreprise collaborer avec un criminel, qui est recherché, toujours en Europe, et qui se cache en Israël pour le moment. Je pense qu'il a des crimes contre lui, des allégations contre lui aux États-Unis, aussi".
Et d'insister sur un détail qui n'en est pas un : son agent est une femme. "C'est honnêtement déchirant (...) de voir qu'il a un manager, c'est une femme. En tant que femme, je ne sais pas comment vous pouvez aller au lit la nuit. Je veux dire, ça pourrait être votre fille à qui c'est arrivé, ça pourrait être votre soeur, un membre de votre famille à qui c'est arrivé. Ce n'est pas qu'il nous a seulement escroquées", rappelle-t-elle, "il nous a menacées de mort. Ce sont des choses sérieuses."
A croire que cela ne suffise pas à convaincre l'industrie du divertissement de tourner le dos au personnage frauduleux, dont le comportement toxique et ses conséquences financières et psychologiques sur ses victimes sont, elles, bien réelles.