Prenez garde, il ne fait pas bon revoir les comédies romantiques du début des années 2000. En juillet dernier déjà, l'autrice Helen Fielding dégommait sa propre création en dénonçant les faiblesses du Journal de Bridget Jones, dont elle n'approuve guère certains gags sexistes. Avant elle, certains médias n'hésitaient pas à voir en le personnage de "célibattante" incarnée Renée Zellweger une figure "anti-féministe et consumériste".
Chacun son tour : c'est aujourd'hui au tout aussi adulé Love Actually de passer à la moulinette. Et ce de la bouche-même d'une membre de son casting : la comédienne britannique Lulu Popplewell, qui n'avait que dix ans lors du tournage, il y a dix-sept ans donc. Elle jouait l'enfant du couple (dysfonctionnel) interprété par Alan Rickman et Emma Thompson (la petite fille qui se déguise en homard).
Lulu Popplewell aurait aimé ne conserver de cette expérience artistique que de la nostalgie et ne pas tenter une nouvelle séance. Pourquoi ? Elle le raconte du côté du podcast Almost Famous : "Je pense que c'est un film de merde, qu'il est ringard et qu'il a mal vieilli". Oui oui, c'est ce que l'on appelle un verdict sans filtre.
Et son argumentaire ne s'arrête pas là. Plus modérée, l'actrice poursuit : "Toutes les femmes qui se trouvent dans Love Actually ne sont en quelque sorte que des objets à posséder, des êtres passifs. Ce n'est vraiment pas génial".
Et si malgré son scénario ambitieux (réunir toutes les figures de style des comédies romantiques, mais aussi des films des fêtes, en une seule oeuvre-chorale), le classique de Richard Curtis sombrait dans les pires écueils du genre ?
Lulu Popplewell, depuis remarquée (et récompensée) en tant que stand-uppeuse, ne juge cependant pas les fans, encore nombreux, de cette rom'com bien cheesy comme il faut. "Je suis contente que les gens l'aiment. Vous avez le droit. Mais vous avez un goût épouvantable", achève-t-elle non sans humour. Une autodérision que n'aurait pas renié David, le Premier ministre britannique interprété par un flegmatique Hugh Grant dans le film.
Il faut dire que si toutes les voix critiques ne considèrent pas forcément Love Actually comme "une merde" ou une comédie "ringarde", certains aspects du film prêtent effectivement à réfléchir. L'écriture des personnages féminins évidemment, comme celui, complètement inexistant, de la charmante Natalie - l'amourette du bourgeois Jamie (Colin Firth). Mais aussi celle du romantisme en général. Exemple ? Les déclarations plus awkward qu'autre chose du stalker Mark (Andrew Lincoln) envers Juliet (Keira Knightley). Un mec toxique ? Certainement.