Les Oscars excluent Roman Polanski et Bill Cosby de leur Académie. Le couperet est tombé ce jeudi soir (3 mai). C'est cette réunion de professionnel·lle·s du cinéma qui choisit tous les ans les lauréats des récompenses les plus importantes du 7e art. "Le Conseil des gouverneurs de l'Académie des arts et sciences du cinéma s'est réuni mardi et a voté l'expulsion de l'acteur Bill Cosby et du réalisateur Roman Polanski de ses membres, en accord avec ses (nouvelles) normes de bonne conduite", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Sous le feu des critiques depuis le mouvement #MeToo et l'exclusion d'Harvey Weinstein en octobre, l'institution était sommée de prendre des résolutions. Personne n'avait compris pourquoi Roman Polanski n'était pas inquiété. Dans son communiqué, l'Académie dit continuer "à encourager des normes éthiques qui exigent que ses membres se conforment à ses valeurs de respect de la dignité humaine". En décembre dernier, elle avait promulgué un code de conduite pour limiter le harcèlement dans cette industrie.
Le réalisateur Roman Polanski, 84 ans, est accusé d'avoir fui les États-Unis dans les années 1970 après avoir été menacé par la justice pour le viol d'une fille de 13 ans. Il avait été accueilli en France il y a peine six mois pour une rétrospective de son oeuvre à la Cinémathèque de Paris suscitant l'ire des associations féministes. Bill Cosby lui vient tout juste d'être jugé coupable d'agressions sexuelles sur l'ancienne basketteuse Andrea Constand pour des faits remontants à 2004. Des dizaines d'autres femmes l'accusent également et l'acteur de 80 ans n'est pas au bout de ses procès.
L'Académie Nobel n'est pas en reste : en effet, le comité suédois a annoncé ce vendredi matin (4 mai) le report du Nobel de littérature 2018 en 2019. En cause, un scandale qui touche le mari d'une des académiciennes, le Français Jean-Claude Arnaud. Dix-huit femmes l'accusent de viols et d'agressions sexuelles. Directeur d'une galerie d'art, il aurait reçu des subventions de l'Académie. Les académiciens se déchirent alors sur les décisions à prendre suite à ces révélations. Après des démissions en cascade, ils ne sont plus que dix sur dix-huit et ne sont pas à même de mener la sélection.
La vague de l'indignation atteint aussi la France. Le scandale a commencé par une Une des Inrocks sur Bertrand Cantat, meurtrier de l'actrice Marie Trintignant. La tournée du chanteur de Noir Désir s'est ensuite déroulée sous les feux des critiques. Les manifestant·e·s à la sortie des concerts semblaient ne lui faire ni chaud ni froid. Mais cette semaine, l'Olympia a fini par annoncer qu'elle annulait ses deux concerts prévus fin mai à cause "des risques sérieux de trouble à l'ordre public". Sous la pression, les portes des festivals d'été se referment également sur le chanteur.
Plus rien n'est pareil depuis octobre 2017 et la déflagration de l'affaire Weinstein. Mais malgré quelques tribunes comme l'appel d'actrices dans Libération avant les César, on ne peut pas dire que le mouvement #MeToo ait pris une réelle ampleur en France dans le 7e art. Le festival de Cannes s'ouvre dans seulement quelques jours. La décision des Oscars pourraient leur donner des idées.