On découvre de sacrés témoignages du côté de "Dis bonjour sale pute", compte Instagram et fédérateur "gang anti-sexiste" dénonçant les violences misogynes sur les réseaux sociaux. Le dernier en date ? Celui d'une jeune sapeuse-pompière de 17 ans à qui sa supérieure a dit : "On trouve que tes seins bougent trop quand tu cours. Alors tu vas investir dans une brassière de sport, parce que ça déconcentre les garçons". Oui, c'est affligeant.
"De quel droit discute-t-elle de ma poitrine avec mes autres supérieurs ? Et de quel droit se permettent-ils de donner leur avis sur ma poitrine ?", fustige à juste titre la pompière en question. Au gré de ses messages, cette dernière précise également n'avoir que dix-sept ans. Ces réflexions sexualisantes à souhait dont elle est victime ne sont, dit-elle, "pas du tout responsables". Une assertion face à laquelle l'on ne peut qu'opiner du chef.
"Et s'ils doivent sortir quelqu'un en intervention feu, et que ses seins bougent, ils lui demandent de retourner dans les flammes mettre une brassière de sport ou comment ça se passe ?", "Hallucinant...et le pire je trouve, c'est que cette réflexion vient de la bouche d'une femme", "C'est comme dans les collèges et lycées où on dit aux filles de faire attention à leur manière de s'habiller", fustigent à l'unisson les internautes.
Un témoignage individuel édifiant, oui... Mais loin d'être unique. Car c'est un sexisme trop banalisé au sein de la profession que dénonce la jeune femme. Un système plus global. On l'écoute : "Dans ce milieu, il y a énormément de sexisme et de sexualisation de la femme. Ce n'est pas la première fois que je reçois des remarques comme celles-ci, on m'en a dit d'autres, mais là je ne veux plus me taire". Une nécessaire libération de la parole.
Mais qui, malheureusement, ne surprend pas tant. Ce témoignage nous renvoie effectivement à celui d'une autre sapeure. L'an dernier, l'Américaine Presley Pritchard était licenciée pour avoir osé arborer une tenue "trop provocante" sur ses réseaux. Soit, en l'état, une simple tenue fitness. "Je reçois chaque jour des messages de filles qui me disent : 'Je suis harcelée', mes collègues disent qu'ils ne pensent pas que je peux faire correctement mon travail, ils se moquent de moi, me font des remarques sur l'apparence de mes fesses dans mon uniforme", expliquait-elle à l'époque.
Comme l'énonce Le Progrès, le père de la jeune sapeuse-pompière de 17 ans aurait lui aussi témoigné. Et son discours est tout aussi édifiant : "Sa poitrine ne doit pas être un sujet de conversation. Lors de cet échange, un gradé aurait également 'mimé' les seins de ma fille, pour lui expliquer qu'ils bougeaient. Ces gestes obscènes l'ont fait pleurer. Pour elle, c'était important qu'on le sache". Il faut dire que le sexisme ordinaire a la peau dure dans un milieu "encore marqué par une forte hégémonie masculine, où l'arrivée des femmes est relativement récente", comme l'énonce l'étude "Des femmes chez les sapeurs-pompiers" de Roland Pfefferkorn.
D'où le mot d'ordre de la jeune femme : "Je veux que ça stoppe".