Enviée à travers le monde entier pour son système éducatif, la Finlande brille par les excellents résultats de ses écoliers. Cette réussite est étroitement liée à la politique bienveillante et novatrice mise en place par le gouvernement, ainsi qu'aux multiples initiatives des établissements scolaires de ce pays scandinave. Voici quelques idées dont on gagnerait à s'inspirer.
Espaces ouverts, sièges colorés, écrans portables... À l'école Jynkkä, dans la ville de Kuo, les salles de classes ressemblent davantage à un espace de co-working aménagé dans un ancien entrepôt plutôt qu'à une école classique. "Dans la vie d'une école, les choses bougent. Nous devons nous concentrer sur différents types d'activités au cours d'une journée scolaire et donc offrir toutes sortes de dispositifs aux enfants", a expliqué à Mother Nature Network, Jorma Partanen, professeur à l'école Jynkkä.
Inaugurée en 2012 à Espoo, deuxième plus grande ville de Finlande, l'école de Saunalahti est également souvent mentionnée comme l'école finlandaise moderne de référence, notamment pour son architecture ultra-contemporaine avec ses vastes salles de classe aux portes vitrées. "Certains élèves ne se sentent pas à l'aise dans une salle de classe "traditionnelle". Chaque espace intérieur et extérieur est un lieu potentiel pour apprendre", a expliqué à Mother Nature Network Ilkka Salminen, employé chez Helsinki Verstas Architects, le cabinet d'architecture qui a conçu l'école.
Et si au lieu des traditionnels cours de mathématiques ou d'histoire-géo on proposait plutôt des cours à thème ? Un cours sur l'Union européenne permet par exemple aux enfants d'intégrer des notions de géographie, d'histoire, mais également d'économie et de politique. C'est la proposition de la Finlande, adoptée en 2015 par le gouvernement et actuellement testée dans plusieurs écoles de la capitale (Helsinki). Si certains enseignants finlandais se sont montrés récalcitrants face à cet enseignement transversal, comme l'indique un article de Libération publié en mars 2015, ce dispositif devrait néanmoins s'étendre à tout le pays d'ici 2020.
Comme le montrait une étude du CNRS en 2016, la suppression partielle de la notation à l'école permet de réduire de moitié les inégalités des performances scolaires entre les élèves des différentes classes sociales. Mais dans notre pays, cette question reste un sujet clivant sur lequel, professeurs, parents et classe politique peinent à tomber d'accord. En Finlande, les notes demeurent quasi-inexistantes à l'école primaire... ce qui n'empêche pas pour autant les petits Finlandais de se classer parmi les meilleurs élèves du monde. Leur réussite s'explique en partie par la mise en place d'un soutien renforcé et adapté à leur niveau.
"Dans chaque école, des assistants ou des professeurs formés à cet effet leurs sont dédiés. Les difficultés sont dépistées très tôt, souvent même avant l'entrée à l'école primaire, à travers des tests spécifiques. Dès lors, des programmes individuels sont adaptés pour permettre à l'enfant de ne pas décrocher", expliquait à l'Express Pasi Sahlberg, dirigeant du centre de mobilité et de coopération internationale du ministère de l'Education finlandais.
Comparé au nôtre, le système éducatif finlandais fait donc rêver. Mais est-il vraiment transposable chez nous ? Paul Robert, principal du collège Nelson Mandela à Clarensac (Gard), s'est rendu en Finlande pour étudier de près le système des écoles et tenter de répondre à la question. Dans un ouvrage intitulé La Finlande : un modèle éducatif pour la France ? : Les secrets de la réussite ? et dans un rapport dévoilé en 2010, le proviseur donne trois pistes que la France pourrait suivre pour se rapprocher du système éducatif finlandais.
"Il me semble qu'en premier lieu, il conviendrait de desserrer l'étau de l'évaluation autour des élèves. En second lieu, il ne serait pas très compliqué d'introduire plus de souplesse dans nos cursus et des possibilités de choix plus importantes pour nos élèves. En troisième lieu, il est de la responsabilité de chacun de favoriser des modes relationnels moins distants et cloisonnés et de créer une atmosphère plus chaleureuse et confiante", préconise-t-il.
Cette dernière recommandation fait clairement référence à la philosophie développée par les écoles finlandaises, selon laquelle "chaque enfant est important" et qui consiste à placer l'écolier au coeur des préoccupations, en le considérant davantage comme un enfant plutôt que comme un "simple" élève. À bon entendeur...