Comment éduquait-on et soignait-on les bébés dans le passé, aux quatre coins du monde ? Et quelles étaient les consignes données aux femmes enceintes ? Le site Bustle et le blog Raconte-moi l'Histoire nous distillent les croyances d'antan les plus WTF concernant les enfants et la maternité.
Pourquoi les enfants sont turbulents, font des bêtises et pleurent ? La Grèce antique avait bien une explication, soutenue par les philosophes Platon et Aristote, comme le dévoile Mark Golden dans son ouvrage "Children and Childhood in Classical Athens". On apprend ainsi que les enfants étant par nature plus moites et chauds que les adultes, cela explique leur tempérament plus fougueux, leurs corps mous et "informes", leur gloutonnerie et leur côté irrationnel.
Mieux encore, Platon écrit dans "Les lois" : "De tous les animaux sauvages, l'enfant est celui qui est le plus difficile à manier : autant est abondante, chez lui plus que chez tout autre animal, la source de la pensée, mais une source encore non équipée, autant il se montre fertile en machinations, âpre, et d'une violence dont chez aucun autre on ne trouve la pareille". L'enfant y est donc comparé à un petit animal sauvage ayant besoin d'être dressé et "bridé". Et ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si la déesse Artemis était en charge des enfants et des animaux sauvages.
Dans la Rome antique, les enfants avaient plutôt intérêt à ne pas souffrir du moindre mal et à être propres au plus vite, car les remèdes proposés n'allaient pas arranger leurs affaires. Dans son oeuvre "Histoires naturelles" recensant 37 livres, Pline l'Ancien liste les terribles remèdes populaires administrés aux enfants. Ainsi, si les dents de l'enfant ne poussaient pas correctement, on préconisait d'accrocher des cerveaux de vipères à son corps à l'aide d'un morceau de peau.
Votre petit bout n'est pas encore propre ? Aujourd'hui, on tente de lui apprendre tout en continuant à lui faire porter des couches. Du temps de Pline, on lui donnait des souris mortes à manger, cela était apparemment efficace. Quant au pauvre bébé souffrant de hernie, plutôt que de l'opérer, on préférait le guérir à l'aide d'une morsure de lézard mâle vert...
Au Moyen Âge, comme nous l'explique le site Raconte-moi l'Histoire, quand la femme tombait enceinte, "le couple doit cesser toute forme de sexualité". Et pour fortifier le ventre "boire un peu de vin rouge et gober des oeufs" était vivement conseillé. Si les femmes aimaient manger "salé", il se disait que l'enfant risquerait d'être "chauve et sans ongles". De même, si l'on voulait éviter que le cordon ombilical du bébé ne s'enroule autour de son cou, croiser les mains et éternuer n'était pas indiqué.
Enfin, si les couples avaient du mal à concevoir un enfant, on estimait que la stérilité de la femme (car à l'époque, on considérait que seule la femme pouvait en souffrir) était le résultat de ses péchés. "Du coup, le seul moyen d'avoir des chances d'avoir un enfant, c'est de prier, de jeûner, et d'être abstinent". Afin de booster les chances de concevoir, il était conseillé de "manger des plats à base d'organes d'animaux, s'entourer de talismans, prendre des bains, ou encore se frotter contre un menhir".
En Mésopotamie, les pleurs des bébés pouvaient attiser la colère des dieux sur les hommes et les bébés eux-mêmes. Il y avait une divinité à craindre tout particulièrement, la déesse Lamashtu. Celle-ci, également considérée comme une démone, dévorait les enfants de moins de 3 ans et en particulier leurs os. D'où l'importance de ne pas avoir un bébé qui braillait sous peine qu'il n'avertisse Lamashtu de sa présence. Le port d'amulettes, la représentant avec une tête de lion et des serres en guise de pieds, permettait toutefois de s'en prémunir.
Si tous les bébés doivent crier lors de leur venue au monde pour permettre à leurs poumons de se remplir d'air, pour les Egyptiens, ce premier son était à décrypter avec soin. Ainsi, selon le papyrus Ebers, un très ancien texte médical égyptien, le premier cri d'un nouveau-né pouvait laisser présager de son avenir. "Si, le jour de sa naissance, le son produit par le nouveau-né est 'ny'", il vivra. En revanche, s'il dit "Mebi", l'enfant mourra."
Ces mots ne semblent pas avoir de signification particulière dans l'Egypte ancienne. Il est donc probable que cette croyance soit fondée sur le bruit prononcé par un bébé en bonne santé et appliquée ensuite à tous. Le texte médical ne dit pas ce qu'il advenait des enfants dont le premier cri ne ressemblait à aucun des deux sons décryptés...