Pour la première fois, le mouvement "Femmes de militaires en colère" va se réunir ce samedi (26 août) sur la place publique afin de clamer haut et fort ses revendications. Lancé en juillet sur Facebook, ce collectif réunit des épouses de militaires qui protestent contre les conditions de travail de leur époux. Les récentes coupes budgétaires imposées par le gouvernement Edouard Philippe et la démission "forcée" du Général Pierre de Villiers sont à l'origine de la création du mouvement, indique l'administratrice de la page Facebook .
Si en France les militaires n'ont ni le droit de faire grève, ni de manifester, ces femmes soulignent qu'elles s'expriment en leur propre nom. "On veut montrer notre ras-le-bol, notre inquiétude et notre colère", a expliqué à France 3, Mercedes Crepin, habitante de la ville de Castres (Tarn) et membre du collectif "Femmes de militaires en colère".
Ces femmes souhaitent dénoncer les conditions "indécentes" dans lesquelles travaillent leur mari, depuis le déploiement de l'opération Sentinelle mise en place en 2015 après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. "On a des hommes qui sont mangés par des punaises de lit. Il y a des militaires qui passent un mois et demi dans l'année chez eux. Ce n'est pas possible !'", a dénoncé Laetitia, leader du mouvement. Celle-ci s'était exprimée au micro de France Info le 9 août, après l'attentat de Levallois Perret où six militaires de l'opération Sentinelle ont trouvé la mort. Depuis la création du mouvement, Laetitia indique qu'elle a reçu des centaines de témoignages "effarants" de la part des autres épouses de militaires.
L'opération Sentinelle sollicite l'intervention de plus de 7000 militaires sur le territoire français. "Nous sommes à peu près 1000 épouses à avoir adhéré au mouvement", explique Mercedes Crepin. Ces dernières exigent de revoir ce dispositif en profondeur. Car si les conditions de travail de ces militaires sont difficiles, elles le sont aussi pour leurs familles.
Les militantes insistent également sur la nécessité d'une meilleure prise en charge soldats victimes du syndrome post-traumatique d'après-guerre, un sujet longtemps resté tabou au sein de l'institution militaire. "Nous, épouses, aimerions être aidées pour avoir des informations là-dessus, mais aussi sur les façons dont on peut accompagner nos hommes vers la guérison", revendique Mercedes Crepin.
Autre problème soulevé par ces femmes "en colère" : la situation des veuves de militaires, "qui se retrouvent à la porte du régiment deux ou trois mois après la mort de leur mari sans aucun accompagnement". Ces femmes dénoncent par ailleurs les failles du "système Louvoie", le logiciel depuis lequel les salaires des militaires sont gérés. Selon Mercedes Crepin, plusieurs militaires ont reçu des surplus de salaire à cause de bugs du logiciel, qu'ils ont ensuite été obligés de rembourser : "Une ou deux années plus tard, on nous demande de rembourser. Cela fait que plusieurs familles se retrouvent endettées", déplore-t-elle. En 2012, ce logiciel avait déjà fait l'objet d'une manifestation à Paris. Quelques dizaines de femmes de militaires s'étaient réunies le 10 mars devant le ministère de la Défense à Paris pour réclamer le paiement de soldes et de primes non payés depuis plusieurs mois.
Le rassemblement "Femmes de militaires en colère" aura lieu ce samedi 26 août à 13h, Places des Invalides. Selon les leaders du mouvement, 500 femmes ont confirmé leur venue.