Le mythe du bad boy perdure. Gavé de films dans lesquels les méchants garçons arrivent toujours à leurs fins et fasciné par la coolitude des caïds du lycée, l'ado construit son modèle autour de cette croyance selon laquelle le gentil ne gagne jamais (et encore moins le coeur des filles). Sauf que le roi de la cour de récré deviendra (probablement) un loser dans la décennie qui arrive et que les filles, après avoir couru des kilomètres (en vain) après les types toxiques se rendront à l'évidence : un garçon fiable, attentionné, pas macho et amoureux, c'est quand même très chouette.
La pression a toujours été forte. Mais à l'ère du X accessible en deux clics, du déferlement outrancier des icônes pop-porn et des batailles d'ego sur les réseaux sociaux, l'ado met la barre très haut, très tôt. Et ce même s'il n'est pas prêt. Pour paraître plus cool et plus viril, il s'invente une vie de don juan. Ainsi, une étude parue en 2013 a révélé que les jeunes hommes exagéraient très largement le nombre de leurs conquêtes, notamment les "coups d'un soir" et l'âge auquel ils ont perdu leur virginité. Leur obsession ? Coucher avant la majorité. Un cliché alimenté par nombre de teen-movies dans lesquels la principale fixette des jeunes héros est de mettre une nana dans leur lit avant d'entrer à la fac. Conséquence : on se ment entre mecs, on frime, on invente, on fait le mytho salace.
Or, en réalité, si on a l'impression que la jeune génération est ultra-précoce et hyper sexualisée, l'âge de la première relation sexuelle se situe à 17,2 ans pour les garçons et 17,6 ans pour les filles (contre 18 ans et demi dans les années 60). Pas de quoi se mettre la pression donc.
Et un cliché, un. Conditionné par le modèle patriarcal bien poussiéreux et encore malheureusement trop souvent véhiculé par la société, le mâle alpha doit subvenir aux besoins de la femme. C'est lui qui doit faire bouillir la marmite et c'est à lui de dégainer avec autorité le portefeuille sous peine de passer pour un sombre goujat. Mais, comme l'a récemment rappelé Emma Watson dans une interview pour Facebook "la galanterie devrait être consensuelle". Partager l'addition sans se sentir émasculé ? Voilà un excellent premier pas vers l'égalité et l'éradication des clichés.
Les amateurs de Shakespeare le savent : se courtiser, c'est avant tout se mettre à nu (et pas simplement en exhibant ses biscotos). Seulement voilà, on apprend trop souvent aux garçons à taire leurs sentiments, à rester pudiques voire silencieux. Se montrer vulnérable ? C'est pour les mauviettes. Le garçon se blinde dès l'adolescence et pas question de fendre sa carapace. Ce qui est bien dommage, car arriver à exprimer son ressenti, que ce soit en amour ou en amitié, est synonyme de relations saines et heureuses. Certes, les hommes viendraient (soit disant) de Mars, mais une petite liaison satellite avec Vénus est tout à fait recommandée. Et on ne parle pas des SMS. Une étude de Brigham Young University révèle que deux personnes trop connectées pourraient s'éloigner l'une de l'autre, la technologie prenant le pas sur les communications réelles.
Non, non et re-non. Alpaguer plus ou moins vulgairement une fille dans la rue, la siffler voire même se frotter à elle dans le métro n'est clairement pas une bonne stratégie pour séduire une fille. Au contraire, ces comportements grossiers s'apparentent à du harcèlement, autant dire le moyen le plus sûr de faire fuir n'importe quelle femme.
Aux Etats-Unis, une loi a été votée en Californie pour prévenir les agressions sexuelles sur les campus américains : le "Yes Means Yes" ("Oui, c'est oui") qui définit sans ambiguïté les contours (très nets) du consentement. Et ce "Oui, c'est oui" s'applique également au champ de la drague. Bien sûr, il existe des codes implicites dans le jeu de la séduction (attendre trois jours avant de rappeler, patienter quelques heures avant de répondre à un texto...). Mais de façon générale, si une femme veut sortir avec un garçon, elle le fait comprendre de façon claire et rapidement. Courir après une fille qui a dit "Non merci" ne la fera sûrement pas changer d'avis. Pire, l'insistance lourdaude fait passer le prétendant pour un psychopathe désespéré. Et nous ne voulons pas ça, n'est-ce pas ?
D'un côté, les hommes, ces animaux en rut blindés de testostérone qui ne penseraient qu'à la luxure et auraient un zizi à la place du cerveau. De l'autre, les prudes jeunes femmes biberonnées aux comédies romantiques, qui fantasmeraient sur le prince charmant et ne rêveraient que d'une chose : se marier et avoir beaucoup d'enfants (jusqu'à la fin des temps).
Étrangement, cette conception ancestrale est largement partagée, même encore aujourd'hui : une enquête nationale " Contexte de la sexualité en France " (CSF 2006) a ainsi révélé que 73 % des femmes et 59 % des hommes adhéraient à l'idée selon laquelle " par nature, les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes ". Sauf que ce mythe bien vivace est faux. Comme le précise la chercheuse Kristen Mark au Huffington Post, "la recherche a établi que le partenaire moins désireux d'avoir des rapports sexuels peut être aussi bien l'homme que la femme. Et il ne s'agit pas là de la conclusion d'une seule étude. Lors de mes propres recherches, fondées sur trois différents panels de couples, je n'ai remarqué aucune différence significative entre homme et femme." Car oui, la femme est elle aussi un être sexué : elle est capable de scotcher son mec contre un mur en lui assénant un "Je te veux" vorace ou avoir une peur infinie de l'engagement. Tout comme un garçon peut rêver de fonder une jolie petite famille sans être un has been castré.
C'est l'un des mythes les plus dévastateurs, puisqu'il mène à avoir des relations sexuelles sans protection, avec la prise de risques que cela implique (MST, grossesse non-désirée...). Sauf que des études ont démontré que oui, on peut prendre son pied même avec un préservatif. Ainsi, un sondage effectué sur 1 645 hommes et femmes entre 18 et 59 ans a conclu que "l'excitation, la facilité d'érection, le Plaisir et l'orgasme n'étaient pas vraiment différents" que l'on utilise une protection ou pas. Le plaisir n'est donc pas une excuse suffisante. Il serait tant de se mettre dans le crâne que les rapports protégés sont sexy.
À l'heure du zapping amoureux où l'on "flashe", "swipe" et zappe ses "targets", la persévérance et l'investissement seraient-ils devenus des concepts ringards ? Si le mot "engagement", si lourd de sens, paraît trop grave pour les ados, offrir de la considération et de l'attention à une fille ne devrait pas être vu comme une marque de faiblesse. Non, se conduire en gentleman ne fait pas d'un mec une carpette et ne devrait pas menacer la virilité d'un homme, bien au contraire. On appelle ça grandir et devenir mature.