Etre un parent, c'est donner deux choses à vos enfants : des racines et des ailes. Et trouver l'équilibre entre les deux est parfois plus compliqué qu'il n'y paraît. Nos préjugés, nos insécurités, nos convictions –parfois distordues ou irraisonnables-, notre conception de la vie... Autant de choses qu'on transmet à nos enfants souvent inconsciemment, au travers de notre attitude ou de nos petites phrases-réflexes, qu'on lance sans plus même y réfléchir. Mais pour vos enfants, une réflexion anodine peut devenir une blessure au fer rouge, qui le marquera et le handicapera tout au long de sa vie.
Pour éviter ça, voici les 9 petites phrases qu'on ne doit pas dire à sa fille, pour ne lui transmettre que notre amour, notre honnêteté, notre sens des responsabilités et notre formidable sens de l'humour, évidemment.
Les jeunes filles endossent très vite des responsabilités. Ce n'est pas un mythe genré qu'elles sont plus réfléchies et plus matures que les garçons dès leur plus jeune âge. Lorsque vous demandez à un enfant ce qu'il veut faire plus tard, un petit garçon vous dira probablement qu'il veut être astronaute ou superhéros, alors qu'une petite fille va plutôt avoir tendance à vous répondre qu'elle veut être professeur, infirmière, médecin... Ce n'est pas par manque d'imagination ou d'ambition, mais parce qu'elles ont un côté bien plus terre-à-terre que les hommes. Elles ont besoin de concret, d'une réalisation potentielle probable afin de pouvoir avancer et mettre tous leurs efforts dans un projet.
C'est pour cela que si votre fille décide de vous confier ses aspirations et ses rêves, ne lui opposez pas le couperet du "Tu es un peu jeune pour ça". En plus d'être vexant puisque ça la renvoie brutalement à l'image que vous vous faites d'elle (un bébé), c'est aussi très déstabilisant. Cette phrase lui donnera l'impression que vous la rabaissez, que vous ne l'en croyez pas capable et donc que vous sous-estimez son potentiel.
Encouragez sa détermination et nourrissez-la pour ne pas briser sa confiance en elle et la rendre incertaine de son propre jugement (puisqu'elle avait estimé qu'elle pouvait faire quelque chose alors que vous, ça vous fait rire gentiment). Remplacez la phrase honnie par "tu peux accomplir tout ce que tu veux si tu travailles dur et que tu apprends à surmonter les obstacles". Réaliste, mais bien plus valorisant.
Spontanément, une femme va avoir plus tendance à douter d'elle qu'un homme, à remettre en question ses capacités et à s'écraser face au sexe masculin, comme le rappelle l'ouvrage de Brigitte Laloupe, Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? Les mécanismes psycosociaux du plafond de verre. Dès leur plus jeune âge, les filles laissent les garçons accaparer l'attention de leurs enseignants et n'osent pas s'imposer. Du coup, elles doutent de leur capacité à briller. Et malheureusement, ces mécanismes se multiplient alors qu'elles grandissent, les convaincant qu'elles ont moins de potentiel que les hommes. C'est pour cela qu'il est primordial, au moins à la maison, de témoigner une solide confiance en leurs capacités.
N'accentuez pas ce phénomène qu'elle subira de toute façon à l'extérieur en lui mettant en tête dès son enfance qu'il faut qu'elle rabaisse ses exigences. Peu importe si ça vous paraît irréaliste : si votre fille arrive en disant qu'elle veut être peintre, cavalière ou psychologue, ne vous chargez pas d'emblée de la faire "redescendre sur terre" pour lui éviter des désillusions. Cela traduit juste un enthousiasme et un intérêt débordant pour quelque chose : encouragez-la ! Aidez-la à en découvrir plus sur ce qui lui plaît tant afin qu'elle puisse se rendre compte par elle-même si elle est apte ou non à continuer dans ce domaine. Plutôt que de lui apprendre à rabaisser ses attentes, apprenez-lui simplement à développer son flair et sa connaissance d'elle-même.
Voilà la barrière des genres la plus commune mais aussi la plus dévastatrice : il y a des "emplois d'hommes" et des "emplois de femmes", et il existe entre les deux une ligne qui ne doit pas être franchie et qui est bien gardée par ses sentinelles, les jouets sexistes, les vêtements genrés, et tous leurs amis. Et bien, on vous en prie : faites-vous un malin plaisir de piétiner cette ligne en permanence. Si vous lui apprenez à laver ses vêtements, montrez-lui aussi comment passer la tondeuse. Ne lui proposez pas que des poupées : elle va aussi adorer les Lego. Et n'hésitez pas à lui répéter que personne n'a le droit de lui dire ce qu'elle peut ou ne peut pas faire en se basant sur son sexe. Non mais.
Une autre grande erreur que nous faisons en tant que parent : ne pas donner à nos enfants l'opportunité de perdre du temps. Pourtant, c'est lorsque l'on est jeune qu'on devrait se permettre de "perdre du temps", c'est-à-dire essayer différentes choses en sachant que certaines ne mèneront à rien. C'est durant cette période, au contraire, qu'on devrait encourager nos enfants à se lancer dans plusieurs directions et à tester différentes choses, afin qu'ils apprennent à se connaître et à savoir ce qui leur plaît ou non.
Alors oui, quand elle sera adolescente et qu'elle voudra partir une année en Angleterre pour apprendre à jouer de la basse en gagnant sa vie en étant serveuse dans un restaurant mexicain, laissez-la faire, même si cela ne vous paraît pas être la manière la plus productive pour elle de préparer son avenir en tant qu'adulte. Mais c'est un passage obligatoire lorsqu'un enfant grandit : il a besoin de tester différentes choses et de faire ses propres expériences. En sachant que vous serez là lorsqu'elle vous appellera en pleurant pour vous dire qu'elle déteste l'odeur des tacos et qu'elle a les doigts en charpie à force de s'acharner sur le même morceau à la basse depuis 3 semaines.
On a parfois tendance à surprotéger nos enfants lorsqu'ils sont enfants. On cherche à les garder petits, à préserver leur innocence et cette adorable odeur de bébé qui traîne encore dans leur sillage. Mais même si l'envie de régler tous leurs problèmes pour eux peut paraître irrésistible, ça risque de leur faire plus de mal que de bien. Dire à votre fille de ne pas s'inquiéter, que vous allez trouver vous-même des photos pour son exposé de demain pour qu'elle puisse aller voir ses copines semble anodin, ça fait juste de vous une maman-poule sympa, n'est-ce pas ? Mais vous l'habituez ainsi à ne pas se débrouiller par elle-même : elle va grandir en ayant l'habitude de se reposer sur les autres, ce qui risque de la plonger dans une détresse sans nom lorsqu'elle devra régler quelque chose par elle-même. Cela l'empêche de développer pleinement ses capacités et son habilité à s'adapter face à l'adversité. En essayant de trop l'aider, vous en faites une femme dépendante qui ne sait pas se gérer seule et aura toujours besoin de s'appuyer sur quelqu'un, plutôt qu'une femme indépendante qui a appris à développer différentes aptitudes pour faire face par elle-même à des situations complexes.
On ne va pas se mentir : avoir une petite fille, c'est quand même merveilleux. Les petites robes, les coiffures, les costumes de fée... Ou du moins, c'est ce que vous pensiez ! Que vous peigniez sa chambre en rose est une chose ; c'en est une autre de s'attendre à ce qu'elle se comporte en conséquence. Ce n'est pas parce que vous rêvez d'une petite princesse qu'elle va ou doit en être une. Plutôt que de lui reprocher de courir dans la boue à 8 ans et de porter des baggys à 14 sous prétexte qu' "une demoiselle ne ferait pas ça", montrez-lui qu'une femme est bien plus qu'une jolie chose fragile toujours bien habillée et bien maquillée, qui parle d'une voix douce et ne sort jamais sans ses bonnes manières et son élégance. Apprenez-lui plutôt qu'elle peut être une femme exactement de la manière qu'elle veut, et que sa féminité tient plus dans son intellect et son humanité que dans ses vêtements et son apparence. Et tant pis pour les robes à froufrous dans lesquelles elle était si craquante.
A l'adolescence, votre "bébé" se retrouve confronté pour la première fois aux regards des autres, à l'intolérance et à la nécessité de trouver son identité. Il est inévitable que cela s'accompagne de multiples angoisses. Les nier en voulant rassurer votre fille, c'est lui envoyer le mauvais message, lui dire "je ne te comprends pas, tes problèmes ne sont pas légitimes". Cela ne diminue en rien ses interrogations, mais ça lui donne la sensation d'être incomprise et diminuée. Essayez de la rassurer en lui montrant au contraire que vous accordez de l'importance à ses émotions.
Regarder son enfant traverser l'adolescence est sans aucun doute un supplice bien plus cruel que tout ce qui a pu être inventé en matière de torture. Vous savez que votre progéniture va être examinée sous tous les angles et critiquée sous toutes les coutures : ses vêtements, ses cheveux, son visage... et surtout son poids. Dans un monde où l'on vénère la maigreur et les thigh gaps, vous savez bien que quelques bourrelets peuvent transformer le lycée de votre fille en véritable cauchemar, et vous essayez de l'aider, de la protéger en l'incitant à faire attention. L'intention est la bonne, mais malheureusement, vous risquez d'aggraver le problème. Vous lui envoyez, une fois encore, le mauvais message : "Ne mange pas autant, tu ne seras pas jolie sinon". C'est le genre de petites phrases qui détruisent votre confiance en vous et qui vous collent à la tête même bien des années après.
Essayez de l'inciter à faire du sport, à manger plus sainement, mais soyez subtile, pour ne pas lui donner la sensation que vous essayez de " corriger " son corps. Il faut qu'elle apprenne à aimer son physique avant tout, et pas qu'elle pense devoir façonner son corps afin d'être jolie et digne d'attention.
Ou comment précipiter sa fille dans les bras d'un vilain lascar en sept mots. On a tous connu (et on connaît encore parfois...) la tentation du bad boy qu'on nous interdit. Plutôt que de dénigrer l'objet d'adoration de votre fille, ce qui aura pour seul effet de l'éloigner encore plus de vous, essayez de vous y intéresser, d'en parler avec elle, pour l'amener doucement à comprendre les choses qui sont déplaisantes chez lui. Et si vous échouez, misez tout sur le fait que l'amour n'est pas éternel et que maintenant vous comprenez très bien les raisons pratiques derrière tout ça.