Daech le surnomme "le lionceau du califat". En vérité, Younes Abaaoud, 15 ans, est surtout le plus jeune garçon enrôlé par l'organisation terroriste en Syrie. Jeune frère du coordinateur présumé des attentats de Paris du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, Younes a grandi à Molenbeek, un quartier populaire de Bruxelles que les médias surnomment désormais la "plaque tournante du djihadisme français".
Début 2014, son frère Abdelhamid, déjà recherché par les services belges, parvient à l'emmener en Syrie contre la volonté de ses parents. Prétextant un voyage au Maroc pour aller voir son grand-père et jurant en avoir fini avec la religion, le djihadiste en profite en réalité pour rejoindre avec son jeune frère la Turquie via l'Allemagne, avant de passer la frontière syrienne. Younes a alors 13 ans.
Quelques semaines à peine après sa disparition, Younes réapparaît sur le Facebook d'Abdelhamid. Habillé en treillis, il pose en souriant sur de nombreuses photos, une kalachnikov à la main. Sous l'une d'elles, un commentaire de son grand-frère : "Mash'Allah, un vrai homme".
La mort d'Abdelhamid le 18 novembre dernier dans l'assaut du RAID, à Saint-Denis, jette un peu plus le trouble sur le sort de Younes. Est-il toujours en Syrie ? Est-il toujours en vie ? Son père, Omar Abaaoud, actuellement au Maroc, espérait qu'Abdelhamid serait capturé vivant pour qu'il puisse lui donner des nouvelles de son plus jeune fils. L'an dernier, il portait plainte contre Abdelhamid suite à la disparition de Younes. Il ne désespère pas de le revoir un jour.
En janvier dernier, Omar Abaaoud déclarait au journal belge Het Laatste Nieuws qu'il ne "pardonnerait jamais" à Abdelhamid d'avoir "embrigadé" Younes. "Abdelhamid a jeté la honte sur notre famille. Nos vies sont détruites. Pourquoi, au nom de Dieu, voudrait-il tuer des Belges innocents ? Notre famille doit tout à ce pays."