Le 26 décembre 2021, le ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice annonçait de nouvelles restrictions pour les femmes en Afghanistan : celles-ci ne pourront plus voyager seules sur plus de 72 kilomètres, et devront être surveillées par un homme (leur père, leur frère). Une mesure répressive de plus dans un pays soumis au régime taliban.
Un état des lieux alarmant sur lequel insiste notamment l'ONU. "Ce qui se passe actuellement en Afghanistan est une 'urgence de genre'. Il faut s'assurer que tout dialogue avec les talibans se fasse à condition que les femmes et les filles soient à l'épicentre de ces conversations, pour s'assurer que leurs droits sont préservés", alertait en août dernier déjà Mohammad Naciri, directeur régional de l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes pour les régions Arabie et Asie Pacifique.
Et aujourd'hui, ce sont les femmes victimes de violences conjugales qui sont au coeur des préoccupations.
Pourquoi ? Car, comme le rapporte Franceinfo, la majorité des refuges - l'on en dénombre une vingtaine - accueillant les femmes victimes de violences conjugales en Afghanistan ont été contraints de fermer leurs portes en ce début d'année 2022. De quoi susciter le désespoir de bien des directrices de centre. L'une d'entre elles, Mahbouba Seraj, s'exprime au site d'informations, et ne cache pas son désarroi.
"La violence domestique est toujours présente dans les maisons et les familles dans les villages. La seule chose qui a changé avec le retour du régime taliban, c'est que ces femmes savent qu'à la seconde où elles quitteront leur maison, elles seront arrêtées et envoyées en prison", déplore-t-elle ainsi à Franceinfo. Effectivement, le fait de sortir seule est également jugé contraire à la loi islamique imposée par les talibans.
"J'ai essayé de me suicider. J'ai bu de l'acide sulfurique. J'ai même été hospitalisée pendant un mois et demi", témoigne encore à Franceinfo Fatema, victime de viol et de violences physiques, qui avait trouvé refuge auprès de la structure de Mahbouba Seraj. Aujourd'hui, de très nombreuses femmes, à l'unisson, craignent pour leur vie.
Selon les chiffres de l'ONU rapportés par le média, 87% des Afghanes auraient subi des violences physiques, sexuelles, psychologiques. Une situation qui ne s'arrange pas sous le régime taliban. En août dernier, l'ancienne juge afghane Najla Ayoubi déclarait à Sky News : "Les talibans forcent les gens à leur faire à manger. Une femme a été immolée parce qu'elle était accusée de mauvaise cuisine. Il y a tellement de jeunes femmes, au cours des dernières semaines, qui ont été expédiées dans des pays voisins dans des cercueils afin d'être utilisées comme esclaves sexuelles".