Un pas de plus vers la privation de libertés. Dans un nouveau document édité par le ministère taliban de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, le gouvernement local demande aux télévisions afghanes d'"éviter de montrer des feuilletons et séries à l'eau de rose dans lesquels des femmes ont joué".
Autres requête : que les chaînes fassent l'impasse sur les programmes "opposés aux valeurs islamiques et afghanes" ou qui insultent la religion ou "montrent le prophète et ses compagnons". Et que les femmes journalistes portent "le voile islamique" à l'écran. Des "directives religieuses" qui ne seraient cependant pas des "règles", a précisé le porte-parole du ministère, Hakif Mohajir.
L'agence de presse note par ailleurs qu'il s'agit de la première fois que le ministère s'attaque à la télévision depuis la prise de pouvoir des talibans en août dernier.
Lors de leur premier règne, de 1996 à 2001, le même ministère était craint pour son fondamentalisme et les punitions - notamment corporelles - qu'une "infraction" engendrait. A l'époque, la télévision, le cinéma et toutes les formes de divertissement jugées immoraux étaient interdites, rappelle l'AFP. Celles et ceux qui ne se pliaient pas à ces obligations, en possédant par exemple un magnétoscope, risquaient la flagellation publique.
Pour ce qui est des droits des femmes, si le gouvernement taliban tente de paraître plus modéré, de nombreuses Afghanes n'ont pas encore été autorisées à reprendre leurs fonctions dans les services publics. Concernant l'éducation, les cours pour les filles dans les collèges, lycées et universités publiques restent fermés, et dans les universités privées, les femmes doivent y assister voilées.
Des faits que les militantes et citoyennes dénoncent quotidiennement. "Pourquoi le monde nous regarde mourir en silence ?", clamait une jeune femme lors d'une manifestation à Kaboul, en octobre. "Pourquoi personne ne nous entend ?"
Mohammad Naciri, directeur régional de l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes pour les régions Arabie et Asie Pacifique, alertait par ailleurs en août dernier : "Ne pas permettre aux femmes de reprendre leur travail et leur empêcher de participer aux débats publics est définitivement une forme de violence. Nous devons nous assurer d'éviter la pire situation".