Cela faisait un mois que Marcella Mares, avait commencé son semestre à l'université de Fresco, Californie, quand l'un de ses professeurs a envoyé un email à toute la classe, notifiant qu'à partir de maintenant, les cours virtuels tenus sur Zoom devront se faire avec caméra et micro allumés. Un dispositif qui vise à vérifier que les étudiant·e·s sont bien présent·e·s derrière leur écran, alors que les circonstances exceptionnelles prises par les facs face au Covid s'installent dans la durée. Rien d'inhabituel jusque-là.
Sauf que le ton change lorsque la jeune femme, aussi maman d'une petite fille de dix ans, contacte l'enseignant pour lui expliquer son cas : "Je lui ai répondu en privé et je lui ai dit que je n'avais pas de problème pour allumer ma caméra et mon micro, mais que je devais les éteindre si j'avais besoin de nourrir mon bébé", raconte-t-elle à CNN. La réponse ne tarde pas, et est plutôt surprenante - voire carrément choquante.
"Je suis heureux d'entendre que vous pouvez avoir votre caméra et votre micro allumés, mais s'il vous plaît, n'allaitez pas votre fille pendant les heures de cours car ce n'est pas ce que vous devriez faire", écrit-il dans un email consulté par le média américain. "Faites-le juste après les cours". Devant le manque d'empathie dont le prof témoigne, Marcella Mares reste coite, et ne répond pas. Elle n'est malheureusement pas au bout de ses surprises.
Le jour du cours, elle découvre avec stupeur que l'homme a décidé de ne pas garder sa demande pour lui. "La première chose qu'il a dite à toute la classe lors de notre réunion Zoom a été : 'J'ai reçu un e-mail vraiment bizarre d'une élève qui disait qu'elle devait faire des choses inappropriées pendant l'heure de cours'", rapporte la jeune femme. "'Vous devez comprendre que vous avez des priorités maintenant et que vous devez mettre de côté toutes ces distractions ou être créatif lorsque votre enfant a besoin de vous et donner toute votre attention à ma classe.'" Nous, vous ne rêvez pas, "ces distractions" qualifie bien le fait de donner à manger à son bébé.
Forcément, Marcella Mares a vu rouge. Sur Instagram, elle confie : "Je me suis sentie humiliée. Puis j'ai réalisé, c'est lui qui devrait être humilié." Son post devient viral et elle se voit suggérée d'invoquer l'amendement Title IX auprès de son université, qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d'éducation soutenus par l'État - ce qu'elle fait.
Rapidement le professeur lui envoie un mail d'excuse dans lequel il stipule qu'elle est désormais autorisée à allaiter pendant son cours. Des mots que la principale concernée trouve insuffisants. Bien qu'il ait cédé, l'enseignant juge toutefois que l'étudiante est allée "trop loin" et que sa démarche était "conflictuelle". Hallucinant.
"Je pense qu'elle a été offensée parce que je ne l'ai pas laissée allaiter son bébé, comme si son bébé allait mourir de faim", lâche-t-il. "Il y a d'autres façons de nourrir le bébé que de le nourrir au sein. On peut le nourrir au biberon". Par la suite, il lui a collé une note "insatisfaisante" pour un devoir rendu, qu'il assure sans rapport avec leur désaccord. Marcella, elle, a été avisée de laisser tomber la classe.
Aujourd'hui, Marcella Mares espère que les Etats-Unis prendront exemple sur d'autres coins du monde : "Il y a des gens d'autres pays qui disent qu'ils peuvent emmener leurs enfants en classe s'ils en ont besoin, qu'ils ont des règles spécifiques pour dire que leur enfant peut aller en classe avec eux", dit-elle. "Je trouve ça plutôt cool. Et je pense que cela devrait être appliqué partout. Parce que tout le monde n'a pas le luxe de pouvoir s'offrir une garde d'enfants ou d'avoir des membres de la famille supplémentaires pour pouvoir surveiller leur enfant à leur place". A bon entendeur.