C'est officiel : les délais d'interruption volontaire de grossesse sont désormais de 14 semaines en France. Un allongement de 2 semaines voté définitivement à l'Assemblée nationale ce mercredi 23 février, qui "concrètement, peut tout changer", estime Sarah Durocher, coprésidente nationale du Planning Familial, interrogée par 20 Minutes.
"Les femmes qui dépassent les délais, faute par exemple d'accès à un parcours de prise en charge efficace, s'engagent dans un parcours compliqué aux frais importants en se rendant dans les pays où les délais légaux sont plus longs, mettant en lumière une inégalité économique entre les femmes". C'est cela que la proposition de loi portée par la députée écologiste Albane Gaillot entendait pallier.
Pour le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), c'est également une avancée majeure. Toutefois, il est essentiel de ne pas en rester là. La solution pour sécuriser ce droit instauré en 1974 par la loi Veil est, selon l'instance consultative indépendante, de le constitutionnaliser.
"A l'heure où l'avortement est réaffirmé par le président de la République comme un droit qu'il est nécessaire d'inscrire dans la charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne, il est urgent de lutter contre les nombreuses attaques qui menacent l'IVG en France, en consacrant les droits sexuels et reproductifs dans notre constitution française", écrit le HCE dans un communiqué.
Car il est nécessaire de le rappeler : "Ce droit fondamental n'est pas totalement acquis". La faute à une coupe dans les budgets et à un désert médical préoccupant. "La restriction de personnels et la suppression de centres pratiquant l'avortement lors de restructurations hospitalières est venu aggraver une pénurie préexistante de médecins pratiquant l'IVG et cela est tout particulièrement marqué dans certains territoires en tension", constate l'instance.
Et de poursuivre : "Ainsi, les femmes qui dépassent les délais, faute par exemple d'accès à un parcours de prise en charge efficace, s'engagent dans un parcours compliqué aux frais importants (pour celles qui le peuvent, environ 5000 femmes par an en France) en se rendant dans les pays où les délais légaux sont plus longs, mettant en lumière une inégalité économique entre les femmes."
Cette "priorité" qui impacterait positivement la vie des personnes concernées habitant sur le territoire français, permettrait par ailleurs de promouvoir ces droits "à l'échelle européenne", poursuit l'organisme, qui rappelle qu'ils sont menacés au sein même de l'Union européenne, en Pologne ou à Malte par exemple.
Sur Twitter, la journaliste et membre de la Fondation des Femmes et du HCE Sylvie Pierre-Brossolette cite l'illustre Gloria Steinem : "Comme le disait la féministe américaine Gloria Steinem : 'Si les hommes pouvaient tombés enceints, l avortement serait un sacrement'", écrit-elle, sonnant l'alarme sur une situation qui n'a malheureusement rien de pérenne.
Une urgence sur laquelle insiste également la coprésidente nationale du Planning Familial. "Ce mercredi est un jour de victoire pour les droits des femmes en France, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir".