Il aura fallu qu'Annie Ernaux parvienne à ses 82 ans pour obtenir la récompense suprême : le prix Nobel de littérature lui a été attribué pour l'ensemble de son oeuvre, le 6 octobre dernier. Un sacre mérité pour cette voix féministe, sociologique et toujours très intime, aux classiques indispensables : La place bien sûr, mais aussi La femme gelée, Une femme, La honte... Où émotions et convictions s'enlacent en un tout fracassant.
Classiques que bien des lecteurs et lectrices souhaitent désormais découvrir. Ainsi ce prix Nobel a entraîné une rupture de stock de ses romans, et incité la maison d'édition Gallimard à lancer la réimpression de pas moins de 900 000 exemplaires de ses ouvrages, en grands formats et poches. Une chiffre considérable.
"Nous sommes convaincus qu'elle va élargir son audience et on peut espérer atteindre les 5 millions d'exemplaires d'autant qu'un prix Nobel de littérature s'étend sur une période assez longue", assure le directeur commercial de Gallimard, Jean-Charles Grunstein, auprès du Parisien.
"Ce prix va donner à l'autrice une visibilité accrue à l'étranger même si son oeuvre est déjà appréciée en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis", développe encore le responsable. Le retentissement à l'étranger de toute cette oeuvre romanesque a notamment été aidé par ses adaptations filmiques, comme le très remarqué L'événement d'Audrey Diwan, lauréat du Lion d'or à Venise en 2021.
"C'est une écrivaine reconnue avec une forte notoriété. Elle n'a pas attendu le prix Nobel pour rencontrer un large public. Elle touche toutes les générations. Aujourd'hui, Annie Ernaux a vendu près de 4 millions de livres. Les réimpressions arrivent au fur et à mesure en librairies", précise Jean-Charles Grunstein.
Les rééditions commandées par Gallimard comprennent Le jeune homme, son dernier roman en date, ainsi que le recueil Écrire la vie, regroupant certains de ses meilleurs écrits : Les années, La place, La femme gelée et Passion simple (qui avait été porté à l'écran par Danielle Arbid avec Laetitia Dosch). Raison de plus pour redécouvrir cette littérature, toujours intime et politique.