Annie Ernaux reçoit le prix Nobel de littérature (et il était temps)

À 82 ans, Annie Ernaux vient enfin d'obtenir la récompense suprême. Le prix Nobel de littérature lui a été attribué pour l'ensemble de son oeuvre, ce jeudi 6 octobre.

Cette autrice majeure de la littérature est la première Française à gagner le Nobel de littérature depuis 1901. Elle est la 17e femme à être distinguée par l'Académie suédoise, qui a salué son "courage et l'acuité clinique avec lesquels elle dévoile les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle." Elle succède au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah, sacré en 2021, alors que son nom circulait déjà parmi les bookmakers l'an passé.

Autrice de plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont Les Années (2008), L'Evènement (2000) ou encore La femme gelée (1981), Annie Ernaux est née en 1940 à Lillebonne, en Seine-Maritime. Après une enfance en Normandie, elle fait des études de lettres à Rouen et Bordeaux avant de devenir professeure.

Érigée au rang d'icône féministe, Annie Ernaux est une femme de gauche (elle a soutenu Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle de 2022), qui a pris divers engagements tout au long de sa vie. En 2021, elle confiait dans Les Inrocks qu'elle appréciait l'écoféministe Sandrine Rousseau. L'autrice a aussi fait partie des signataires de plusieurs tribunes de soutien aux Gilets jaunes, publiées dans Libération, en 2018 et 2019.

Ses écrits, pour la plupart autobiographiques, empruntent à la sociologie dans la manière de raconter ses souvenirs et son environnement. Ils témoignent également de son intimité et de sa condition de femme au fil du temps.

Dans L'Évènement, notamment, adapté en film par Audrey Diwan en 2021, Annie Ernaux raconte son combat pour avorter dans une France où l'IVG est encore illégale. Dans La femme gelée (1981), elle évoque l'échec de son mariage et elle écrit sur sa première fois ratée dans La Honte (1997). Autant de sujets qui parlent sans aucun doute aux femmes de toutes les générations.

Interrogée en mai 2022 par l'AFP sur le symbole féministe qu'elle incarne, Annie Ernaux répondait simplement se sentir "femme. Une femme qui écrit, c'est tout".

Il était largement temps de célébrer celle dont les récits de l'intime ont trouvé un écho dans le coeur de tant de lectrices.