L'élection de Joe Biden ne semble pas avoir calmé les ardeurs des partisan·e·s anti-choix, ni de leurs élu·e·s. Au contraire. En Arizona par exemple, une loi vient d'être proposée par le représentant républicain Walt Blackman, dans le but d'apporter quelques modifications à la définition d'un homicide. Ainsi, si le texte de Blackman était amené à être voté, serait considéré·e coupable de meurtre tout·e citoyen·ne qui "aurait pris la vie d'une personne", y compris d'un enfant à naître. Soit le foetus, "quel que soit son stade de développement", est-il précisé.
Une proposition qui vise directement les femmes qui choisissent d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse, et les médecins et sages-femmes qui procèdent à l'intervention. Terriblement liberticide, mais finalement peu étonnant de la part d'un homme qui surnomme les cliniques d'avortement les "usines de la mort". En août 2020, lors d'un live sur Facebook, il avait également déclaré aux internautes : "Si vous voulez dire 'Mon corps, mon choix' (slogan du camp pro-avortement, ndlr), vous devez passer un peu de temps dans notre système pénal en Arizona. Si vous voulez tuer et mettre fin à la vie d'un autre être humain, c'est un meurtre".
Le projet supprimerait également toute protection pour les mères ou les professionnel·le·s de santé, permettant aux avocats de l'État et du pays de les poursuivre pour "homicide par avortement". Jusqu'ici, neuf autres Républicains se sont prononcés en faveur de la loi. Dans le camp démocrate en revanche, la colère est palpable. Et à juste titre.
"En tant que personne ayant déjà avorté, c'est absolument révoltant de savoir que mes collègues veulent nous condamner, mon médecin et moi, à la peine de mort pour des choix qu'ils n'ont PAS à dicter pour moi ou pour quelqu'un d'autre", s'indigne notamment la représentante Melody Hernandez.
L'organisation de planning familial locale Planned Parenthood a de son côté rappelé que la proposition arrivait pile pour le 48e anniversaire de Roe v. Wade, la décision de justice qui a établi l'avortement comme un droit légal aux Etats-Unis, et quelques jours après l'inauguration d'une "administration pro-droits reproductifs". Pour elle, il ne s'agit "pas d'une coïncidence". Et malheureusement, l'Arizona n'est pas le seul Etat à être touché par ces tentatives rétrogrades.
Dans le Mississippi, même combat chez les Républicain·e·s. Une loi proposée en début d'année demande à ce que les femmes et les soignant·e·s impliqué·e·s dans un avortement soient accusé·e·s de meurtre. Les praticien·ne·s seraient passibles d'une amende pouvant aller jusqu'à 25 000 dollars et d'une peine de 10 ans ferme pour avoir pratiqué la procédure.
Au Kansas, les Républicain·e·s mettent tout en oeuvre pour renverser une décision de la Cour suprême de l'État qui a conclu en 2019 que la Constitution locale accordait aux femmes le droit à l'avortement. En Caroline du Sud encore, la restrictive "Heartbeat bill", qui rend illégal l'IVG dès que l'on peut entendre le battement de coeur du foetus (soit autour de six semaines de grossesse), est en passe d'être adoptée.
Ces propositions scandaleuses sont les conséquences directes du gouvernement Trump, estime la directrice du Planned Parenthood Alexis McGill Johnson, qui conserve un espoir certain en ce début d'une nouvelle ère - le nouveau président américain Joe Biden s'étant formellement positionné en faveur de ce droit. "Nous avons une tonne de travail à faire pour réparer les dégâts des quatre dernières années, mais savoir que nous avons des champions qui comprennent ce qui doit se passer dans les 100 premiers jours est extrêmement enthousiasmant". Espérons donc que les actions concrètes suivent, et rapidement.