À la guerre aussi, l'égalité hommes-femmes commence à sérieusement s'imposer. D'après lemonde.fr, le Pentagone pourrait en effet annoncer ce jeudi la fin de l'interdiction de combattre sur les lignes de front pour les femmes militaires. Le secrétaire à la Défense américain Leon Panetta s'appuie sur un avis rendu en 2011 par la commission sur la diversité du Pentagone, qui recommandait d'autoriser les femmes à servir pleinement dans les unités de combat. Depuis 1994, celles-ci étaient cantonnées à des rôles supports en tant qu'infirmières ou officiers de renseignement. Cette situation entrait en contradiction avec les nouvelles formes de guerre rencontrées en Irak et en Afghanistan par les troupes américaines : les femmes déployées dans ces régions ont dû faire face, au même titre que les hommes, aux embuscades et attentats-suicides. Parmi les victimes de ces deux guerres, 2% des militaires tués étaient des femmes. Cette décision, qui concerne plus de 200 000 femmes militaires, soit 14.5% des effectifs de l'armée américaine, leur permettra de prétendre à des évolutions de carrière similaires à celles des hommes, puisque servir au combat constitue toujours le moyen le plus rapide d'être promu(e).
On apprend également que le régime syrien accueille volontiers des femmes, non seulement dans son armée régulière, pour mieux inspecter les postes de passage et les femmes voilées qui peuvent dissimuler des armes, mais également dans des nouvelles brigades paramilitaires censées protéger la population civile pro-régime. Ces nouvelles « Forces de défense nationale », dont la formation a été annoncée par Bachar al-Assad en fin de semaine dernière, sont censées seconder l'armée dans sa lutte contre les rebelles, précise France24. Ces forces pourraient compter 50 000 combattants recrutés parmi des civils favorables au régime, et parmi eux, une unité féminine de 450 bénévoles. Selon l'AFP, elles seraient chargées d'effectuer des rondes de surveillance dans les quartiers pro-Assad, et formées à l'utilisation de la kalachnikov, de la mitrailleuse, au maniement des grenades, à l'attaque de barrages adverses et au contrôle des barrages, aux perquisitions et aux cours de tactique militaire. Tout un programme qui, grâce à des horaires aménagés, ne devrait pas les empêcher de continuer à travailler, voire d'aller chercher les enfants à l'école… Une parité peu réjouissante, quand on sait que le conflit entre l'armée syrienne et les rebelles a déjà fait 60 000 morts en 22 mois.
A contrario, en Côte d'Ivoire, la décision récente d'ouvrir les carrières militaires aux femmes constitue une véritable bonne nouvelle, qui fait suite à de récents états-généraux de l'armée mettant en lumière la nécessité de promouvoir le genre féminin. L'expérience débutera dans l'Ecole militaire préparatoire technique de Bingerville, à l'est d'Abidjan. Bastion des plus masculins jusqu'à la prochaine promotion qui accueillera ses premières postulantes.
Côté français, un état des lieux en demi-teinte s'impose. Si l'intégration des femmes dans l'armée date de la première Guerre Mondiale où elles servaient massivement dans le personnel soignant. Elles n'acquièrent le même statut que les hommes qu'en 1972. Pourtant elles ne représentent en 2010 que15.15% du personnel militaire -l'un des taux de féminisation les plus élevés d'Europe-, et parmi celles-ci, peu sont celles qui auront l'occasion de combattre : on compte seulement 6% de femmes embarquées dans les opérations extérieures. Elles occupent ainsi majoritairement des postes dans l'administration ou les ressources humaines, et la moitié travaillent pour les services de Santé des armées, tandis qu'elles ne représentent que 10% des effectifs de l'armée de Terre. Dans la hiérarchie,12,1% des officiers sont des femmes, et seules 17 d'entre elles sont parvenues au grade d'officier général.
Pourtant plus aucune restriction n'est censée limiter leur accès à des postes élevés ou à certaines spécialités, exception faite de certaines missions à bord des sous-marins en raison des conditions de logement à bord. Lors du comité interministériel des droits des femmes réuni le 30 novembre 2012, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian a confirmé son ambition d'impulser une politique de promotion des femmes au sein de la Défense. Au programme : efforts dans le recrutement et la formation des femmes, identification des potentiels pour des postes à hautes responsabilités, visibilité des anciennes combattantes, actions de communication interne contre le sexisme, etc. D'après l'Etat-major des forces armées, des femmes compteraient parmi les 1800 soldats engagés depuis une semaine sur le territoire malien, mais elles ne devraient pas être plus d'une centaine. Celles-ci n'étant pas différenciées des hommes sur les listes, impossible de savoir combien elles sont. Un bon signe.
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