Voici un mail qui ne passe pas... Depuis le 15 novembre dernier, un tweet du journaliste Marc Eynaud du site d'extrême droite Boulevard Voltaire crée la polémique. Il s'agit d'une photographie d'un mail, dans lequel une employeuse somme une femme sous ses ordres de procéder à une IVG. "Pensez-vous reprendre votre activité salariale ou non ? Allez-vous faire une IVG concernant cette grossesse", écrit la manageuse dans son mail et ajoute "Lors de notre entretien d'embauche, nous avons discuté de cette situation je vous ferais remarquer que celle-ci est malvenue. Je vous prie de faire le nécessaire afin d'y remédier."
Une demande pour le moins choquante et complètement déplacée qui n'a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux. Choquante au point de se demander s'il ne s'agit pas d'un fake, le fond comme la forme paraissant presque trop gros pour être vrai. Une question que s'est aussi posée la rubrique A la loupe de LCI, qui a retracé l'origine de la photographie.
"Je me suis dit qu'en la postant sur les réseaux sociaux, cela pourrait permettre de créer le débat"
Avant le journaliste Marc Eynaud, c'est une certaine Armonie June qui a d'abord diffusé la fameuse photographie sur Twitter. Contactée par LCI, elle explique que "ce post ne la concerne pas" et qu'elle l'a trouvé "sur un groupe Facebook qui parle de flexibilisation du travail." L'auteur du post Facebook précise quant à lui que l'image provient de Linkedin.
Après plusieurs recherches, LCI retrouve l'origine du post : c'est un médecin généraliste dans le Gard, Ghassan Fayad, qui a diffusé en premier lieu le mail polémique. Celui-ci confirme auprès du site d'informations la véracité de son post et précise qu'il s'agit d'une affaire ayant eu lieu il y a trois ans.
"Mon profil est un minimum sérieux, ce n'est pas un post anonyme, je ne comprends pas que certains disent qu'il s'agit d'un 'fake'", confie le généraliste à LCI. "Récemment, j'ai fait le tri dans mes photos prises au cabinet sur mon téléphone portable. Je suis retombé dessus et je me suis rappelé de son histoire. Je me suis dit qu'en la postant sur les réseaux sociaux, cela pourrait permettre de créer le débat et de montrer que ça existe encore."
Le mail a été envoyé à l'une de ses patientes qui, à l'époque des faits, venait de décrocher un poste de secrétaire dans un cabinet d'avocats. "Elle est tombée enceinte et a subi des pressions de la part de sa patronne", précise le médecin. "La patiente m'a montré ce mail qui lui était bien adressé, j'ai pu voir le nom de l'expéditeur et elle m'a autorisé à le prendre en photo en cachant les identités. Je l'ai soutenue et je lui ai accordé un arrêt maladie" Contactée par LCI, la patiente n'a pas voulu réagir à cette affaire et ne souhaite plus entendre parler de cette histoire. A l'époque des faits, celle-ci a décidé de poursuivre sa grossesse et a obtenu une rupture conventionnelle, avant de retrouver un nouvel emploi.
Exercer une telle pression vis-à-vis de son employée est bien évidemment illégal, comme le fait de questionner lors d'un entretien d'embauche une personne sur son désir d'enfant. Une législation qu'il semble aujourd'hui malheureusement nécessaire de rappeler.