Volonté de restriction de la liberté des femmes sur leur propre corps, insulte envers les personnes transgenres, Barry O'Sullivan a décroché le gros lot au bingo de la détestation d'autrui. Vous ne connaissez pas le monsieur ? Il est sénateur de la région du Queensland en Australie. Cette province n'a autorisé l'avortement que... le mois dernier. Oui, l'avortement n'est légal dans cette région australienne que depuis octobre 2018.
Et le lundi 12 novembre dernier, Barry O'Sullivan a proposé une loi pour restreindre les manifestations de celles et ceux qui défendent le droit à l'avortement pendant la "journée des enfants non-nés". Journée inventée par le pape Jean-Paul II et qui se déroule le 25 mars.
La proposition de loi a été refusée à 32 voix contre et 12 voix (quand même) pour. Mais le débat fut houleux. Larissa Waters, une sénatrice écologiste du Queensland, connue pour être la première femme à avoir donné le sein au Sénat, l'a pris à parti : "Le sénateur O'Sullivan doit enlever ses mains et ses rosaires de mes ovaires et de ceux des 10 000 femmes du Queensland qui avortent chaque année, 10 000 femmes qui ont le droit de prendre une décision sur leur propre corps sans que l'opinion du sénateur O'Sullivan ne les en empêche "
Larrissa Waters a également lancé à Barry O'Sullivan qu'il devrait avoir honte de lui pour sa proposition.
Alors pour répondre à ce qu'il considère comme des "attaques", le sénateur Barry O'Sullivan a exprimé le fait qu'à partir du mercredi 14 novembre, il changeait de genre pour pouvoir attaquer tranquillement les femmes sur le sujet de l'avortement : "Je vais déclarer mon sexe aujourd'hui, comme j'en ai le droit, pour être une femme et vous ne pourrez plus m'attaquer." Aller hop, au passage, on attaque les personnes transgenres.
Il s'en est ensuite pris aux défenseurs de l'avortement : "Nous ne pouvons pas ouvrir nos gueules, vous ne pouvez pas dire le mot 'avortement' sans être attaqué par cette foule de manifestants - je dirais des vermines si je ne pensais pas que vous alliez me le faire retirer, Monsieur le Vice-président intérimaire, mais c'est sorti quand même".
Il se dit persécuté pour ses croyances religieuses : "Ces gens sont venus m'attaquer pour mes croyances religieuses l'autre jour, en utilisant des mots comme rosaire et chapelet, parce que j'ai eu l'audace de parler des avortements tardifs où les enfants qui sont à quelques minutes seulement de prendre une claque et un nom sont avortés selon les politiques des Verts australiens".
Les Twittos ne se sont pas gêné·es pour se moquer de lui : "Si Barry O'Sullivan veut utiliser des pronoms féminins, nous ne devrions jamais la laisser l'oublier pour le reste de sa vie. Elle ne sera pas fâchée. C'est ce qu'elle veut" ou "Elle est hystérique à ce sujet. Quand je vois une femme si émotive, je ne peux pas la prendre au sérieux."
Une autre se moque des "menstruations" de Barry O'Sullivan qui le rendrait irritable : "S'agit-il de sa 'période du mois' ? C'est pourquoi les femmes ne devraient pas être au pouvoir. Tellement hystérique et criarde."
Brian O'Sullivan se dit soutenu par une majorité de la "Nation" et compte bien ne pas se taire. Pourtant, un sondage montre que les Australien·nes sont 60 % à être en faveur de l'avortement.
A la suite de cette séance mouvementée au Sénat, la sénatrice écologiste Mehreen Faruqi a résumé le débat à Buzzfeed : "Le sénateur O'Sullivan s'est engagé dans ce qui est tristement courant dans le débat politique : des mythes anti-choix dégoûtants qui cherchent à stigmatiser les femmes et à se moquer des transgenres. Ses vues appartiennent à l'âge de pierre."