Que s'est-il passé de beau en France ces derniers jours ? Alfonsa Alfano, conseillère du Bas-Rhin à l'égalité femmes-hommes, a décidé d'instaurer une Journée pour les droits des hommes dans son département, en toute simplicité. "Ces dernières années, les femmes sont beaucoup mises en avant", expliquait-elle à 20 Minutes. "J'ai toujours été confrontée à des hommes qui me disent : 'Et nous, et nous ?' parce qu'on ne s'occupe pas assez de leurs problèmes", poursuivait-elle sans le moindre sarcasme.
C'est donc pour dénoncer cette terrible injustice que l'élue française a mis en place un jour officiel pendant lequel ces messieurs pourront enfin être entendus sur des sujets qui leur sont propres, et ainsi libérer la parole autour de la discrimination notoire qui ponctue leur quotidien de mâles. 24 heures qui auraient pour but de montrer qu'"il y a des inégalités des deux côtés".
Evidemment, cette annonce a suscité de vives réactions de la part des féministes. "C'est un discours complètement à côté de la réalité, typique du discours masculiniste, cette façon de caricaturer le discours des féministes", explique Françoise Picq, historienne du féminisme.
"Sous prétexte de défendre l'égalité, on met sur le même plan des discriminations érigées en système qui touchent les femmes, une réalité appuyée par des chiffres, et des histoires individuelles qui touchent des hommes mais qui ne sont pas systématiques", poursuit-elle.
Sur Twitter, des internautes ont également réagi.
On rappelle que la Journée Internationale des droits des femmes, qui a lieu le 8 mars, a pour but d'éveiller les conscience sur les inégalités de genre qui sévissent dans notre pays et à l'international. Et la bonne raison pour lesquels les hommes n'ont pas "besoin" d'une telle journée, c'est parce qu'ils sont privilégiés. Ils n'ont jamais été marginalisés selon leur genre, puisque la société patriarcale dans laquelle nous vivons fonctionne selon un principe globalement répandu : la domination masculine.
L'autre facteur qui fait polémique, c'est le choix de la date de la Journée pour les droits des hommes : le 19 novembre. "C'est une date qui est tout sauf anodine", affirme la militante Stéphanie Lamy. "Elle est devenue un objet de lutte pour toute la sphère masculiniste, qui se plaint d'un supposé manque d'attention". Comme l'indique Konbini, c'est en effet le 19 novembre 2010 qu'a eu lieu la première "journée internationale des hommes", restée non-officielle.
De son côté, Alfonsa Alfano a apporté quelque précision sur son but : "Nous ne voulons pas parler de lutte mais de rapprochement, l'objectif n'est pas de nous opposer aux hommes". Des paroles qui n'ont pas convaincu Françoise Picq : "Que des féministes aient des stratégies de rapprochement, c'est évident, mais le rapprochement ne signifie pas pour autant qu'il faut penser que les hommes aient besoin d'être protégés".