Ce n'est pas la première fois que le député LR Julien Aubert masculinise le titre d'une consoeur. En 2014 déjà, il avait été sanctionné pour avoir appelé Sandrine Mazetier, présidente de séance à l'Assemblée nationale, "Madame le président".
Cette fois, c'est tombé sur la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, lors d'un débat dans l'hémicycle sur des questions d'électricité, tenu le 7 octobre dernier. "Madame le ministre", l'a-t-il appelée. En prenant le micro, celle-ci lui a rendu la pareille.
"Je demande de manière très claire à être appelée Madame la ministre, et si Monsieur le député ne respecte pas cela, il sera appelé Monsieur la rapporteure". Ce que la présidente de séance Annie Genevard (LR) a eu vite fait de qualifier de "provocation", rappelant que la formule "Madame le ministre" était d'usage, contrairement à "Monsieur la rapporteure".
A se demander, toutefois, qui provoque qui, quand le député sait pertinemment que la féminisation des rôles a été adoptée par la même institution en 1998, et connaît le souhait de son interlocutrice d'être nommée selon son genre.
La séquence a fait du bruit, recueillant le soutien de nombreuses voix féministes, mais aussi de membres de l'opposition à la majorité. Mathilde Panot (LFI), s'est ainsi indignée contre le "sexisme irresponsable" de certains élus.
Interviewée au micro d'Europe 1 le 8 octobre au matin, Barbara Pompili a constaté qu'il y avait "encore du travail" avant d'atteindre l'égalité femme-homme.
"Il est très habitué de ce genre de petites sorties. Il sait qu'un certain nombre d'usages ont évolué, que la féminisation des noms c'est aussi une avancée dans le combat féministe, il le fait exprès. Donc j'ai voulu lui rendre la pareille (...). On voit à travers ce petit genre de détails que l'égalité femme-homme a encore du travail. Je l'ai vu encore hier à l'Assemblée nationale, certains hommes, parce qu'ils n'étaient pas d'accord, essayaient de passer au-dessus de moi, de ne pas me laisser parler. C'est assez habituel et il faudrait bien que ça change quand même".
Sur Twitter, la ministre insiste : "Il n'y a pas de petits combats contre le sexisme. Qu'un député veuille absolument m'appeler Madame le ministre contre mon gré, c'est du manque de respect. La féminisation des noms de fonctions et métiers ne devrait même plus être un débat." A bon entendeur.